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Les mégabassines à l’épreuve du chaos climatique : notre carte interactive
#MegaBassines #eau #sécheresse #repression #SainteSoline
Article mis en ligne le 28 juillet 2023
dernière modification le 27 juillet 2023

Alors que le niveau de deux tiers des nappes phréatiques en France est sous la normale, Mediapart et le collectif Mémoire vive ont élaboré une cartographie régulièrement mise à jour pour suivre l’alimentation en eau des 165 principales mégabassines françaises et la disponibilité en eau sur leur territoire.

La mobilisation contre les mégabassines, qui s’est imposée dans le monde agricole l’an dernier, est devenue en 2023 emblématique des luttes pour la défense des biens communs. La réponse de l’État français afin de garantir des réservoirs d’eau artificiels pour l’irrigation a été hors norme : répression violente de la manifestation en mars dernier contre la mégabassine de Saint-Soline, approximations mensongères de ministres dans les médias, passage en force de projets de bassine par les préfectures, vague d’interpellations chez les militant·es écologistes, dissolution en juin des Soulèvements de la Terre... (...)

Hydrogéologues, agronomes, écologistes, élu·es de gauche ou encore la Confédération paysanne jugent au contraire que ces retenues incarnent l’inverse de ce qu’il faudrait déployer en matière de gestion de l’eau, face au réchauffement global qui aggrave les sécheresses.

Le Giec estime en effet dans son dernier rapport d’évaluation sur le dérèglement climatique qu’en Europe, « les retenues d’eau sont coûteuses, ont des incidences négatives sur l’environnement et ne suffiront pas partout en cas de réchauffement du climat ». Et des scientifiques soulignent les conséquences incertaines des mégabassines sur la ressource en eau, notamment celles d’aggraver les sécheresses estivales ou la difficulté à remplir ces réservoirs en cas de sécheresse hivernale, comme cette année.

Par ailleurs, comme l’a montré Mediapart dans une enquête sur les douze agriculteurs directement raccordés à la bassine de Sainte-Soline, ce type d’infrastructure permet aux grands cultivateurs irrigants de sécuriser l’eau pour tenir de hauts seuils de rentabilité et répondre aux exigences des marchés agro-industriels. Les opposant·es pointent ainsi la privatisation d’un bien commun et l’accaparement des nappes phréatiques par une poignée de gros exploitant·es. (...)

« 68 % des niveaux des nappes [phréatiques] restent sous les normales mensuelles avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas », a récemment alerté le service géologique national français, chargé du suivi de la situation en eau du pays. Et de prévenir : « En juillet et jusqu’à la fin de l’été, les niveaux des nappes devraient rester en baisse. »