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Slate.fr
Les méthodes anti-fake news de Facebook semblent porter leurs fruits
Article mis en ligne le 21 septembre 2018

Selon une récente étude, les sites d’intox seraient à la peine sur le réseau social depuis l’élection présidentielle américaine de 2016 (et ils auraient plus de succès sur Twitter).

Depuis la dernière élection présidentielle aux États-Unis, Facebook s’emploie à limiter la présence de fausses informations dans les fils d’actualité, s’exposant ainsi à un feu nourri de critiques, et notamment d’accusations de biais politique, à gauche comme à droite. Des critiques potentiellement injustifiées : selon une récente étude réalisée par des chercheurs de l’université de Stanford, de l’université de New York et de Microsoft Research, les mesures de Facebook seraient bel et bien en train de porter leurs fruits –dans une certaine mesure. (...)

Les auteurs indiquent que leur étude est « loin d’être définitive », mais elle demeure intéressante : il s’agit peut-être de la première étude empirique à grande échelle à avoir directement analysé l’efficacité de l’opération anti-désinformation de Facebook. Les résultats des chercheurs pourraient servir de futur fil conducteur au réseau social, qui cherche justement à mieux contrôler l’impact qu’il peut avoir sur la société civile. (...)

J’ai échangé au téléphone avec l’un des auteurs de l’étude, Matthew Gentzkow, économiste à Stanford. Il m’a expliqué qu’il fallait prendre les bons résultats apparents de l’entreprise avec des pincettes. De fait, les fausses informations sont encore légion sur Facebook (bien plus que sur Twitter). Par ailleurs, la liste de « sites à fake news » de l’étude n’est ni exhaustive, ni entièrement fiable. Reste que ces données mettent en évidence une tendance positive d’une netteté stupéfiante. Voilà qui devrait redonner de l’espoir aux analystes tentés par le défaitisme face à l’avancée des fake news. (...)

« L’ampleur générale du problème de désinformation est en recul » (...)

« Ces résultats sont extraordinaires et quelque peu surprenants », confie Dipayan Ghosh, chargé de recherche au Centre Shorenstein sur les médias, la politique et les politiques publiques de l’université de Harvard. « Les chercheurs se sont appuyés sur les données de multiples sources réputées, et ils ont réalisé une analyse bien raisonnée et consciencieuse. »

Ghosh a travaillé pour Facebook dans le domaine de la vie privée et des politiques publiques avant de quitter l’entreprise au lendemain de l’élection de 2016. Il milite désormais contre la désinformation sur les réseaux sociaux. Dans les colonnes du magazine Time en janvier 2018, il déclarait qu’il serait bientôt « impossible de stopper la désinformation ». Les auteurs de l’étude racontent que cette déclaration compte parmi les éléments qui ont motivé leur enquête. (...)

Bémols

On aurait toutefois tort d’en conclure que Facebook a réglé son problème de désinformation, ou que la situation est bien pire sur Twitter. Selon l’étude, l’ampleur du problème sur Facebook était bien plus importante que sur Twitter à l’origine, et l’est toujours aujourd’hui. (...)

Facebook demeure la principale source de fake news, et de loin. Les sites en question récoltent encore quelque soixante-dix millions d’engagements Facebook par mois à ce jour. C’est effectivement beaucoup moins qu’à l’époque du duel Trump-Clinton –mais ce chiffre demeure terriblement élevé. (...)

L’étude n’a pas pu se pencher sur un phénomène problématique : les sources de désinformation majeures qui ont sans doute vu le jour après 2016.

Second bémol d’importance : la définition du terme « fake news » est particulièrement floue, et Gentzkow reconnaît lui-même que la définition utilisée par l’étude n’est absolument pas scientifique. (...)

l’analyse des auteurs indique que ce sont les « acteurs les plus néfastes », c’est-à-dire les sites que l’on retrouve dans plusieurs des listes précédentes en tant que sources de désinformation, qui ont le plus souffert en termes d’engagement Facebook. Les chercheurs ont testé plusieurs répartitions possibles de l’ensemble de données. Ces informations peuvent être consultées dans une annexe en ligne riche d’enseignements.

L’étude n’a pas pu se pencher sur un phénomène problématique : les sources de désinformation majeures qui ont sans doute vu le jour après 2016, certaines d’entre elles ayant certainement été conçues pour contourner les nouveaux dispositifs de Facebook. (...)

Facebook parviendra-t-il à s’adapter aux nouvelles techniques des propagandistes et autres trolls d’internet ? Là est la vraie question à laquelle, dit Gentzkow, l’étude est incapable de répondre.

Quelles mesures chez Twitter ? (...)

Interrogé à ce sujet, un porte-parole de Twitter a déclaré que l’entreprise avait toujours refusé de jouer les « arbitres de la vérité ». Twitter estime que sa plateforme peut elle-même constituer un antidote contre la propagation des intox : le fait qu’elle soit publique permettrait aux utilisateurs et utilisatrices de déboulonner les fausses informations. Cette position a été relayée par Vijaya Gadde (responsable juridique chez Twitter) dans un récent épisode du podcast « If Then », sur Slate.com. Soulignons toutefois qu’un article de recherche publié en mars dernier met à mal sa théorie : sur Twitter, les mensonges se propagent plus vite que la vérité. (...)