Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France24
Les milices privées russes se multiplient, les problèmes du Kremlin aussi
#guerreenukraine #armes #milices
Article mis en ligne le 14 juillet 2023

Le Kremlin a assuré vendredi qu’il envisageait de légaliser les compagnies militaires privées, dont le nombre a explosé depuis 2014. Pourquoi une telle inflation et que révèlent ces armées parallèles du fonctionnement du pouvoir russe ? Éléments de réponse.

Elles s’appellent Convoy, Patriot, Moran Security Group, Shchit ("Shield")... Le Kremlin a dit envisager, vendredi 14 juillet, la légalisation des compagnies militaires privées, notamment le groupe Wagner, dont l’existence n’est actuellement toujours pas autorisée par la loi russe.

"Juridiquement, la compagnie militaire privée Wagner n’existe pas et n’a jamais existé, c’est une question à étudier, à examiner davantage", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant qu’il s’agit d’une "question assez complexe".

Ces déclarations font suite à un message similaire porté la veille par Vladimir Poutine, dans une interview au journal Kommersant. "Le groupe (Wagner) est là, mais il n’existe pas juridiquement ! (…) C’est une autre question liée à (leur) légalisation effective. Une question qui doit être évoquée à la Douma (chambre basse du Parlement), au sein du gouvernement", a affirmé le président russe.

Bien qu’elles soient proscrites par la loi, les sociétés militaires privées (SMP) ou "private military companies" (PMC) n’ont cessé de gagner du terrain en Russie ces dernières années, dopées par l’appel d’air créé par la guerre en Ukraine et la volonté du Kremlin de faire de ces armées de l’ombre un instrument de sa politique étrangère depuis l’annexion de la Crimée en 2014.

Le modèle Blackwater

La Russie, affaiblie par les sanctions et isolée sur la scène internationale, cherchait alors à étendre son influence géopolitique, en particulier en Syrie et sur le continent africain à travers la milice privée Wagner.

La création en 2014 du groupe paramilitaire dirigé par Evguéni Prigojine, tombé en disgrâce depuis sa rébellion avortée en juin, s’inspire directement de la société Blackwater, un groupe de mercenaires déployé en Irak par les États-Unis, devenu un symbole de la privatisation de la guerre.

Pour le pouvoir russe, ces PMC présentent de nombreux avantages, notamment un coût de fonctionnement moindre que celui de troupes régulières et une absence d’existence légale permettant à Moscou de mener des guerres hybrides tout en niant son implication. (...)

"Les mercenaires peuvent être envoyés pour faire le sale boulot ou simplement effectuer les missions les plus risquées, celles que vous ne souhaitez pas confier à vos forces spéciales" (...)

Une trentaine de PMC en activité

Autre atout : la mort de ces combattants volontaires, anciens des forces spéciales, repris de justice ou fervents nationalistes, n’est pas comptabilisée dans les pertes officielles, réduisant le coût politique de l’invasion russe de l’Ukraine pour le Kremlin. (...)

Diviser pour mieux régner

"Les élites ont réalisé qu’avoir une PMC peut permettre d’être reconnu du Kremlin. Parce que si vous contribuez à l’effort de guerre [en Ukraine], vous serez récompensé", assure Anton Shekhovtsov, directeur du Centre pour l’intégrité démocratique, interrogé par Euronews.

Selon Danilo Delle Fave, ce système "quasi féodal" sert à consolider le pouvoir de Vladimir Poutine. "La multiplication de centres de pouvoir en concurrence les uns avec les autres évite qu’ils ne puissent créer des alliances et se retourner contre le chef. On a pu observer ce même genre de dynamique au sein du régime nazi", analyse le chercheur.

Cependant, la rébellion avortée du groupe Wagner a démontré la fragilité d’une telle construction qui, à terme, pourrait être un facteur d’instabilité interne. (...)

Désormais, l’heure est à la reprise en main de la nébuleuse formée par ces groupes armés. Depuis le 1er juillet, les sociétés militaires privées ont l’obligation de signer un contrat avec le ministère de la Défense. Dans une opération de communication, Moscou a publié le mois dernier une vidéo montrant le groupe paramilitaire tchétchène Akhmat au moment de la signature de l’accord. Un moyen pour le pouvoir russe de montrer que les groupes paramilitaires rentrent dans le rang.

Quant à Wagner, son étoile ne cesse de pâlir depuis sa rébellion contre le commandement militaire. (...)