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l’Humanité
Les multinationales veulent sauver le monde... d’avant. Démonstration par Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac
Article mis en ligne le 1er avril 2020

Alors que les premiers masques offerts par LVMH à la France viennent d’être livrés, l’analyse de la stratégie de survie des grands groupes face à la crise s’impose. Entretien avec Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac.

Maxime Combes. Il s’est passé la même chose qu’après l’incendie de Notre-Dame avec ce que j’ai appelé le « Téléthon des milliardaires ». Ces multinationales ont besoin de montrer qu’elles peuvent apporter la solution dans la crise sanitaire. Elles sont pourtant dans l’œil du cyclone car on assiste à un basculement de l’opinion publique avec une forte remise en cause de la mondialisation néolibérale et productiviste, donc de ces grands groupes. On l’a bien vu : le coronavirus s’est déployé en suivant les flux de cette mondialisation. Leur image va donc être durablement écornée. (...)

Il n’y a rien de surprenant de voir LVMH, dont le principal actif est son image, tenter de la restaurer. Dans la compétition internationale, il est absolument indispensable pour ces entreprises d’apparaître comme moins mauvaises que la concurrence. Si leur image se dégrade, leur capacité à recruter aussi. Ce n’est donc pas seulement pour sauver leur image auprès des consommateurs qu’elles font cela, mais plutôt parce que c’est structurant dans leur business model. C’est leur légitimité à être partie prenante du futur, leur prétention à incarner le bien qui sont en jeu. Elles veulent sauver le monde d’avant. (...)

Peu de monde est impressionné parce que le secteur privé a mis sur la table, dérisoire par rapport à sa richesse. Une partie de l’impact de cette crise est de sa responsabilité collective. Ce sont ces multinationales qui ont élargi leurs chaînes de production avec des filiales et des sous-traitants en pagaille, qui ont mis les travailleurs en compétition et qui ont massivement pratiqué l’évasion fiscale, sous forme de fraude ou d’optimisation. Elles ont affaibli la capacité des pouvoirs publics à apporter une réponse à la hauteur. (...)