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le club de Mediapart/Gilles Manceron, historien
Les mythes répandus sur l’URSS empêchent de voir aujourd’hui l’impérialisme russe
#guerreenukraine #russie #imperialisme
Article mis en ligne le 5 mars 2023
dernière modification le 4 mars 2023

Texte lu au meeting de solidarité avec l’Ukraine du 23 février 2023 à la Bourse du travail de Paris

Comme beaucoup d’entre nous, j’appartiens à la génération qui s’est mobilisée contre l’impérialisme américain lors de la guerre du Viêt-nam.

L’impérialisme américain était pour nous une évidence et il fallait dénoncer ses crimes. (...)

La vigilance et la réactivité était vive alors vis-à-vis de l’impérialisme américain.

Force est de constater que l’agression de l’Ukraine, qui a commencé en 2014 et s’est poursuivie massivement il y a un an, n’a pas suscité la même indignation.

Durant les trois quarts de siècle de l’existence de l’Union soviétique, la France – et, à un moindre degré, l’Italie – a été profondément marquée par l’idée que l’impérialisme, dans le monde, c’était l’impérialisme américain.

Et que la Russie soviétique, qui avait joué le rôle que l’on sait dans la défaite du nazisme, faisait partie du « camp de la Paix ».

Ces trois quarts de siècle ont recouvert dans sa mémoire la perception de la Russie que l’opinion française partageait, à la fin du XIXème siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, avec les autres peuples d’Europe. Celle d’une Russie impériale et impérialiste qui avait contribué à détruire par la terreur l’Etat polonais, qui soumettait par la force la Finlande et les Pays baltes, et qui avait étendu ses conquêtes violentes au Caucase et à l’Asie centrale.

Les mythes sur l’URSS ont créé une russophilie qui aveugle la France

Il a fallu attendre l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, puis le mouvement Solidarnosc en Pologne dans la décennie suivante, pour qu’une partie de la gauche française qui ne s’indignait pas jusque-là de la domination soviétique sur une partie de l’Europe, commence à la percevoir comme intolérable. (...)