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Les occupations d’écoles se multiplient : « Il n’y a pas de raison que les enseignants soient seuls à monter au front »
Article mis en ligne le 12 mai 2019

Les vacances scolaires n’ont pas eu raison de la mobilisation contre la loi Blanquer. La grève nationale de la fonction publique du 9 mai a été suivie par plus d’un enseignant sur cinq. De leur côté, les parents continuent la lutte, aux quatre coins du pays, pour dire leur attachement à une école publique, proche des élèves et des parents, favorisant l’égalité. Dans l’ouest de la France, plusieurs occupations d’écoles ont été organisées fin avril. Reportage à Saint-Joachim, petite commune de Loire-Atlantique.

en France, la mobilisation a commencé il y a deux mois, suite à une réunion d’information organisée par les enseignants, à laquelle se sont rendues plusieurs dizaines de parents. Risques de siphonnage des fonds destinés à l’école maternelle publique vers l’école privée via la scolarisation obligatoire dès trois ans, disparition programmée des petites écoles avec la création d’« établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux » (lire notre article), ou encore multiplication des contractuels : divers problèmes posés par la réforme ont été pointés. « On s’est dit : ce n’est pas possible », raconte Cindy. La possibilité offerte aux étudiants qui préparent les concours d’assurer des missions d’enseignement dès leur seconde année d’études les inquiète tout particulièrement (lire notre article à ce sujet). « Comment imaginer qu’un étudiant qui n’a jamais enseigné débarque devant une classe après quelques jours de formation ?, relève, effarée, Sabrina. Ils veulent vraiment faire de grosses économies sur nos écoles et sur le confort de nos enfants. »

Lors des débats à l’Assemblée nationale, le ministre a assuré que seuls les étudiants entamant leur quatrième année d’études seraient amenés à faire la classe. Avant, ils seraient affectés à l’aide aux devoirs, ou à l’accompagnement des enseignants en poste. Parmi les parents et les enseignants, peu de personnes croient à cette différentiation des missions, d’autant qu’il est parfois ardu de trouver des remplaçants et qu’il pourrait être tentant d’élargir les missions confiées aux étudiants-contractuels. (...)

« Le ministre nous parle de confiance mais sincèrement, on se méfie beaucoup ! »

« Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer est très rassurant quand on l’entend parler dans les médias, dit Anne. Il s’excuse, dit qu’il s’est mal expliqué, et surtout, que nous avons mal compris. Mais si on sort la calculette, on se rend compte qu’il nous balade. Imaginons par exemple que l’on scolarise les 26 000 enfants de moins de six ans qui ne vont pas à l’école actuellement, et qui vivent dans les Dom-Tom pour la plupart d’entre eux. S’ils sont 30 par classe, cela fait quand même 866 nouvelles classes à ouvrir, voire à construire d’ici le mois de septembre ! Comment est-ce possible ? Sachant qu’il y a environ 1000 nouveaux postes qui doivent être créés à la rentrée prochaine, et que le dédoublement des CP et CE1 dans les zones prioritaire doit se poursuivre. Tout cela ne colle pas. Il nous parle de confiance, mais sincèrement, on se méfie beaucoup ! »

L’autre point qui chagrine les parents d’élèves, c’est cette idée qu’une petite école ne serait pas une bonne structure pour faire des projets. (...)

« Un village sans école, c’est un village mort ! On est en train de provoquer des déserts » (...)

« La mobilisation bouillonne un peu partout »

Présents dès la fin janvier auprès des personnels hospitaliers mobilisés contre la détérioration de leurs conditions de travail, les gilets jaunes de Saint-Nazaire se sentent très solidaires de la mobilisation des enseignants et des parents d’élèves. Le sauvetage des services publics de proximité fait partie des points saillants des leurs revendications. Lors de l’assemblée des assemblées qui s’est tenue à Saint-Nazaire début avril, un groupe de travail s’est penché sur l’école. Ces convergences un rien inédites font dire aux personnes mobilisées que la lutte n’est pas prête de s’essouffler. (...)

L’inspection a ordonné aux directions de mettre les parents dehors (...)

L’inspection est très véhémente. Ici, à Saint-Joachim mais aussi ailleurs dans le département, elle a ordonné aux directions de mettre les parents dehors, et parfois appelé les municipalités pour qu’elles viennent enlever les banderoles. Ils cherchent vraiment à interdire de contester cette loi. » Suite à l’occupation du 30 avril, les deux directeurs des écoles publiques, élémentaire et maternelle, ont été convoqués par l’inspection. Au Havre, une directrice d’école a reçu un blâme après avoir envoyé un mail contenant des propos contestataires sur le projet de loi Blanquer.

Ces intimidations n’entament pas la détermination des parents d’élèves mobilisés. Au contraire. (...)