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Les partis ont-ils leur place dans les luttes de terrain ? La question déchire le mouvement européen contre les GPII
Article mis en ligne le 17 mai 2014

le quatrième FAUIMP semble atteindre une nouvelle phase de maturité, deux événements survenus dans la journée du vendredi 9 mai montrent que le mouvement de la société civile hésite sur la relation avec le monde politique : faut-il l’associer ou s’en tenir le plus éloigné possible ?

Dans la matinée, on apprend d’abord que la manifestation collective prévue à la fin du week-end – sorte de tradition visant à clore ce temps de réflexion par une mobilisation concrète et internationale, sur les lieux-même d’une lutte, comme cela s’était fait l’année dernière à Stuttgart – est annulée.

En cause ? La présence pour un meeting, ce même dimanche à Rosia Montana, de l’UDMR, l’Union démocrate magyare de Roumanie, le parti politique représentant l’intérêt de la minorité hongroise, particulièrement importante en Transylvanie. « Nous voulons éviter toute récupération politique », lâche un des organisateurs. (...)

Malgré la nuit et le froid, le chapiteau est rempli et l’auditoire très attentif. Dans une ambiance lourde, le débat s’enclenche sur le risque d’instrumentalisation. Le fautif, aimablement appelé à s’expliquer, prend la parole : « Je ne suis pas venu en ‘’invasion dominante’’, je n’ai pas collé d’affiche électorale et j’avais demandé si je pouvais amener du matériel – ce qui a dû être mal compris. Pour moi, la vocation d’un parti politique est de relayer les mouvements sociaux ».

S’ensuivent des échanges animés. L’un rapporte sa désespérance à l’égard des hommes politiques : « Tout n’est que mensonge. La démocratie représentative est un système qui ne marche pas, il faut sortir de tout lien avec le politique, c’est à nous de prendre en main le changement, nous ne pouvons plus déléguer ».

Geneviève Coiffard-Grosdoy, de la coordination des opposants à Notre Dame des Landes, lui répond : « Il faut intégrer la nécessité d’interpeller les partis politiques dans la lutte, car la décision d’abandonner de tels projets [les Grands Projets Inutiles et Imposés, ndlr] est politique. Donc, bon gré mal gré, on est obligé de se soucier de la question. Notre mouvement de coordination en France regroupe 53 organisations, parmi lesquelles des partis politiques. Cela ne veut pas dire qu’ils font la loi, mais ils ont leur place. Ce qui compte, c’est la capacité de lutte ».

Le représentant marocain n’est pas convaincu, et relate son expérience (...)

La conclusion du débat établit que « chaque lutte doit étudier et définir les relations qu’elle peut avoir avec le monde politique ». Les mouvements d’opposition aux GPII refusent en fait de choisir. « C’est un syndrome classique des forums sociaux, ce qu’on appelle l’« appelisme » : on se réunit autour de quelques grandes idées pour lancer des appels qui font consensus, et c’est tout. On ne se structure pas pour autant au sein d’une organisation plus formalisée », déplore Christophe, du mouvement Utopia.

Avec quelques camarades, il est venu proposer l’idée d’une ICE (Initiative citoyenne européenne, mécanisme européen [déjà utilisé pour défendre un revenu universel, entre autres) contre les grands projets inutiles et imposés, afin de porter plus loin cette lutte dans les institutions de l’Union Européenne. Une suggestion restée lettre morte, mais qui place les opposants aux GPII face à une question déterminante : comment, avec qui et sur quels terrains prolonger efficacement la lutte ? (...)