
Sous le mot-dièse #PrayForAmazonas, première tendance mondiale sur Twitter mercredi 21 août, des dizaines de milliers d’internautes ont alerté sur les incendies en Amazonie. Mais de nombreuses publications virales s’appuient sur des images anciennes ou prises dans d’autres lieux.
Sur Facebook et Twitter, de nombreux internautes se sont indignés mercredi en postant des photos et vidéos montrant des pans entiers de forêt dévorés par des rideaux de flammes. Il n’était pas possible d’évaluer mercredi l’ampleur des superficies affectées par des feux de forêt en Amazonie.
Avec l’outil Invid*, l’AFP a vérifié la provenance des images virales. Plusieurs d’entre elles se sont révélées anciennes, montrant par exemple des feux en Amazonie remontant à 1989, ou concernant d’autres Etats brésiliens, ou même pays, tels l’Inde ou les Etats-Unis. (...)
Une photo sur laquelle on voit une forêt presque entièrement carbonisée avec en son milieu un arbre solitaire a bien été prise en Amazonie.
Mais elle a été prise le 4 août 2017 par un photographe de l’agence Reuters, Bruno Kelly, pendant l’"Opération vague verte", un incendie contrôlé de l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables, l’Ibama.
Une autre image montre une vaste forêt et de grandes colonnes de fumée. Cette fois encore, la photographie est ancienne et date de 1989. L’acteur Jaden Smith, le fils de Will Smith, par exemple, l’a partagée mercredi sur son compte Instagram, où elle a récolté plus de 1,2 million de "likes".
L’image, également relayée dans un tweet par le joueur de Tennis Novak Djokovic, mais aussi par les pompiers des Bouches-du-Rhône, a été prise par un photographe de Sipa Press et publiée par The Guardian en 2007 dans un supplément sur la déforestation en Amazonie. (...)
A quoi ressemble l’Amazonie en 2019 ?

Les photos satellites, utilisées dans plusieurs publications pour alerter sur la situation (1,2,3...), n’ont pas été décontextualisées.
Elles ont été prises par la Nasa, les 11 et 13 août 2019 et reflètent la situation dans les états de Rondonia, Amazonas, Pará et Mato Grosso. (...)
"Au 16 août 2019, les observations satellites ont indiqué que l’activité totale des feux dans le bassin amazonien était légèrement inférieure à la moyenne par rapport aux 15 dernières années. L’activité des feux a été au dessus de la moyenne dans l’Amazonas (...) mais en dessous au Mato Grosso et à Pará, selon la base de données Global Fire Emissions", précise le site de la Nasa.
Interrogé par l’AFP, Paulo Moutinho, chercheur à l’Institut de recherche environnementale sur l’Amazonie (IPAM), explique que "la déforestation explique la majorité des incendies".
"Les incendies ont toujours eu une origine humaine, le feu est utilisé pour nettoyer des zones déjà déforestées, pour ouvrir des pistes ou pour préparer des terres à la culture. Le manque de prévention fait que ces incendies se propagent à des zones plus sèches qui n’étaient pas destinées à être brûlées", a-t-il détaillé.
"La zone du bassin amazonien (au Brésil et dans d’autres pays) qui a été déforestée est équivalente à la surface du territoire français. Cela représente environ 20%. Il en reste encore 80%", a-t-il estimé .
Le 7 août 2019, l’Institut national de recherche spatiale (INPE) brésilien, l’organisme public chargé de mesurer la déforestation en Amazonie, a fait état de 2.254 kilomètres carrés de zones déforestées dans le pays le mois passé, contre 596,6 kilomètres carrés en juillet 2018, soit une augmentation de 278% sur un an.
lire aussi :
#PrayforAmazonia, quand les médias faillent à leur mission
Depuis 16 jours, la forêt amazonienne brûle. Sur les réseaux sociaux, les citoyens se plaignent de ne pas être au courant. Pour eux, un seul coupable : les médias.
Une nouvelle fois, les réseaux sociaux démontrent leur puissance et leur portée. Plus nécessaire de prouver que ceux-ci sont devenus l’un des meilleurs moyens de s’informer de ce qu’il se passe à l’autre bout du monde. Depuis plusieurs heures, c’est le hashtag #PrayforAmazonia qui inonde Twitter, Instagram et Facebook. Les internautes, photos à l’appui, rappellent que la forêt amazonienne est en train de brûler et ce, depuis deux semaines déjà. Tous rappellent également que s’ils ne se révoltent que maintenant, c’est parce qu’ils ne savaient pas. Et s’ils ne savaient pas, c’est parce que les médias n’ont pas correctement fait leur boulot et ne les ont pas tenus informés de la situation. (...)
Les citoyen.ne.s n’ont pas tort. Un rapide détour sur le moteur de recherches le plus utilisé du monde le prouve. Les rares articles qui mentionnent l’incendie qui ravage actuellement "le poumon de la planète" ont été écrits il y a quelques heures seulement. Ces médias sont français (Le Figaro, France Soir) ou anglais (Blasting News). En Belgique, rien à l’horizon (chez Moustique non plus, on ne va pas se mentir). Mais tous risquent de s’y atteler maintenant que la colère des citoyens gronde.
Faute avouée ?
Pour pallier notre manquement, voici donc ce qu’il se passe. Depuis le mois de juillet, la forêt amazonienne est en proie aux flammes. Les images sont aussi spectaculaires que tristes. Les violents incendies détruisent tout sur leur passage, surtout du côté brésilien.