
Même une montre cassée donne l’heure exacte deux fois par jour. Le fait que les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni aient pris l’initiative d’une résolution du Conseil de sécurité autorisant le recours à la force contre le régime libyen ne suffit pas pour la récuser d’emblée. Un mouvement de rébellion désarmé et confronté à un régime de terreur en est parfois réduit à s’adresser à une police internationale peu recommandable. Concentré sur son malheur, il ne refusera pas ses secours au seul motif qu’elle dédaigne les appels des autres victimes, palestiniennes par exemple. Il oubliera même qu’elle est davantage connue comme une force de répression que comme une association d’entraide
Mais ce qui, logiquement, a servi de boussole aux insurgés libyens en péril extrême ne suffit pas à légitimer cette nouvelle guerre des puissances occidentales en terre arabe. (...)
Si ce moyen a acquis l’apparence de l’évidence, chacun étant sommé de « choisir » entre les bombardements occidentaux et l’écrasement des Libyens en révolte, c’est uniquement parce que d’autres voies de recours — l’intervention à leurs côtés d’une force onusienne, égyptienne ou panarabe — ont été écartées. (...)
Qui croit d’ailleurs que des Etats, quels qu’ils soient, consacrent leurs ressources et leurs armées à l’accomplissement d’objectifs démocratiques ? (...)