
En cette semaine de journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Oxfam publie un rapport sur l’impact genré des politiques austéritaires actuellement mis en place dans un grand nombre de pays du monde.
Les inégalités économiques : une forme de violence basée sur le genre
Les violences basées sur le genre englobent un très large éventail de pratiques néfastes à l’égard des femmes, des filles et des personnes LGBTQIA+ : cela va de la violence interpersonnelle, conjugale et physique à la privation des droits civiques et des capacités de décision, en passant entre autres par l’enfermement des femmes dans des rôles stéréotypés.
La violence économique est une forme de violence basée sur le genre moins souvent prise en compte, alors qu’elle affecte la vie des femmes de manière quotidienne et systématique. Elle est une forme de violence basée sur le genre car elle découle des choix politiques d’une élite qui ne tiennent pas compte des besoins des femmes, réduisent les services déjà inadéquats dont elles dépendent et relèguent leur sécurité et leur bien-être au second plan. Cette violence peut également accroître et exploiter les oppressions auxquelles les femmes sont confrontées dans la société. Elle provoque au final la souffrance des femmes et les expose à un risque accru de préjudice physique, économique et psychologique.
L’austérité est sexiste
L’austérité désigne les politiques mises en œuvre par les États dans le but de réduire les déficits budgétaires et la dette souveraine. (...)
L’austérité à un impact très concret : c’est moins d’argent des Etats pour financer l’hôpital public et l’accès aux soins universel, pour les écoles et les salaires des enseignant-e-s, pour renforcer et/ou créer des systèmes de protection sociale telle que les retraites et les congés parentaux. (...)
La pandémie a aggravé les inégalités entre les femmes et les hommes partout dans le monde et fait perdre des décennies de progrès. Pour corriger le tir les Etats doivent prendre des mesures de rattrapage ambitieuses. Pourtant, dans le sillage de multiples crises mondiales et alors que les femmes et les filles se trouvent déjà dans des situations financières difficiles, une nouvelle vague d’austérité se profile : selon une analyse des projections du FMI, 85 % de la population mondiale peut s’attendre à connaître des mesures d’austérité en 2023. Malgré les preuves de ses effets dévastateurs, des États du monde entier acceptent et appliquent largement la « logique » de l’austérité, et l’on voit les idées néolibérales adoptées à la suite des crises de la dette des années 1980 continuer de se répandre. (...)
Les violences économiques en France
En France également, les femmes subissent une violence économique empirée par des décennies de politiques de restriction des services publics.
En 2019, 36% des mères de famille monoparentale vivaient sous le seuil de pauvreté contre 22% des pères de famille monoparentale. Les femmes sont plus concernées par le temps partiel, qui contribue largement à la précarité (...)
au moins ⅓ des femmes à temps partiel sont en temps partiel subi et que 48% des femmes à temps partiel le sont en raison du travail de soin non-rémunéré, qui n’est donc pas pris en charge par un conjoint.
Les femmes continuent à être victimes de ces inégalités à la retraite : la pension moyenne de droit direct des femmes est inférieure de 40,2 % à celle des hommes. Parmi les personnes pauvres de plus de 75 ans, il y a deux fois plus de femmes que d’hommes, et on compte 10,1% de femmes pauvres contre 6,6% d’hommes pauvres dans cette tranche d’âge. Ces inégalités économiques ont des conséquences extrêmement lourdes : les femmes sont celles qui parviennent le moins à subvenir à leurs besoins alimentaires et à ceux de leurs enfants. (...)
En France, les femmes représentent 64% des personnes qui ont recours à l’aide alimentaire.
En France, la dégradation de l’hôpital public nuit en priorité aux femmes, qui représentent 77% de la fonction publique hospitalière, et qui y sont payées en moyenne 22% de moins que les hommes. Alors qu’entre 15 et 49 ans, les femmes sont significativement plus souvent hospitalisées que les hommes, en lien avec la grossesse et l’accouchement, 10% des maternités en France sont en fermeture partielle, et 2/3 des maternités ont fermé depuis 40 ans.
L’insuffisance du financement des services publics se répercute directement sur la lutte contre les inégalités femmes-hommes et en particulier contre les violences sexistes et sexuelles. (...)
Des alternatives économiques féministes existent !
Dans ce rapport Oxfam prône des alternatives féministes et viables pour mettre fin à l’austérité.
- Adopter une budgétisation et une fiscalité féministe. (...)
- Investir dans les services publics et lutter contre la privatisation des services essentiels. (...)
- Garantir un travail décent et une protection sociale. (...)
- Investir dans la recherche et la production de connaissances afin de mieux éclairer les décisions. (...)
- Soutenir la représentation et l’organisation féministes. Le pouvoir est encore trop largement masculin. (...)