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Les prêtres sots de la croissance morte
Article mis en ligne le 7 septembre 2014
dernière modification le 1er septembre 2014

Vous avez peut-être loupé quelques épisodes de la comédie contemporaine, cet été. L’un d’entre eux a commencé par un vent de panique, chez les « responsables », quand ils ont appris que la croissance du produit intérieur brut français serait inférieure à 1 %. « Caramba, encore raté ! ».
Car pour un « responsable », s’il n’y pas de croissance, la catastrophe est à la porte.

La panique conduisait à une crise nerveuse, le ministre de l’Economie Arnaud Montebourg stigmatisant en public la politique économique du propre gouvernement auquel il appartient. Il était limogé le lendemain par un Manuel Valls plus mâchoires serrées que jamais, le nouveau ministre désigné étant un plus pur jus du dogme néo-libéral, passé par l’école du groupe Bilderberg, Emmanuel Macron.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : la passe d’arme entre les deux courants du PS ne remet rien de sérieusement en cause. L’un comme l’autre ne cherchent qu’à accroître la croissance, seule solution à leurs yeux pour résoudre la question du chômage. Mais l’un, Montebourg, veut recourir à la vieille méthode keynésienne, l’autre, le couple VallsHollande, compte sans barguigner sur le dogme néo-libéral qu’il partage avec l’UMP et le centre.

Mais leurs effets de manche ne suffisent plus à cacher la poussière rancie de leur pensée dépassée. C’est aussi que leur religion croissanciste, relayée soir et matin par l’ensemble des « responsables », économistes patentés et journalistes serviles, vise à dissimuler la vérité cachée du dogme : la fonction fondamentale de la croissance est devenue de rendre insensible l’extraordinaire inégalité de revenus et de patrimoines qui caractérise les économies européennes et nord-américaines. Si la croissance du revenu est de 1 ou 2 %, le niveau de vie s’améliore, et les ménages prêtent peu attention au fait qu’en haut, les super-riches voient augmenter les leurs de 5 % ou plus. Mais dès que la croissance s’évapore, la réalité de la spoliation collective apparait. (...)