
À la radio, les matinales ont réellement débuté leur campagne en septembre 2016 en donnant la parole aux membres du Parti socialiste et des Républicains. Pour les autres, il n’est resté que quelques miettes à se partager.
Entre les primaires (à droite, à gauche, ou à Europe Écologie les Verts (EELV)), l’annonce (ou non) de François Hollande de briguer une seconde mandature et les interrogations sur les intentions d’Emmanuel Macron (ira-t-il ou pas ?), les médias ne savent plus où donner de la tête. Très rapidement, la presse se trompe en voyant Juppé gagner face à Sarkozy dans une primaire que François Fillon va largement remporter. Les mêmes tombent de haut quand François Hollande déclare qu’il ne se présentera pas. Les chaînes d’information en continu commentent les commentaires des uns et des autres… en continu. Et les radios roulent pour le bipartisme, distribuant des cartons d’invitations pour les membres du Parti socialiste (PS) et des Républicains (LR).
Des chiffres accablants
Sur ce point, le recensement des invités des tranches matinales de trois radios généralistes les plus écoutées (France Inter, RTL et Europe 1) [1] est sans équivoque. (...)
parmi les 235 invités, nous comptabilisons seulement 32 femmes pour 203 hommes, soient 13,6% de femmes qui s’expriment dans les trois matinales les plus écoutées… (...)
Sur les 163 invités politiques, 64 appartiennent au PS et 67 à LR, soit 81% des invités. Les 31 places restantes sont partagées entre le FN (8 invitations), EELV (8), le Modem (3), Jean-Frédéric Poisson (3), Debout la France (2), François de Rugy (2), Nicolas Hulot (2), le PC (1), Emmanuel Macron (1), Philippe de Villiers (1) et Jean-Pierre Chevènement (1). (...)
Le troisième constat est que si l’on excepte la venue de Ian Brossat (PC) le 1er novembre sur RTL, pas un seul représentant de la gauche de gauche, non gouvernementale, n’a été invité durant quatre mois. Ni Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise [4], ni Philippe Poutou du NPA et ni Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière, pourtant tous les trois candidats à l’élection présidentielle, n’ont été conviés. De plus, pas un seul porte-parole de la gauche « antilibérale » ne s’est exprimé sur les plateaux des trois grandes radios en tant qu’invité principal des matinales [5].
Enfin, le FN, qui récolte désormais des scores comparables à ceux du PS et de LR aux premiers tours des élections, n’a bénéficié que de 4,9% des invitations. (...)
En zoomant sur la composition des invitations de chaque radio, on constate que France Inter est certainement celle qui privilégie le plus la « bipolarisation » (...)
À la lecture des recommandations du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), le sang peut vite monter à la tête. S’il est clairement indiqué que – hors période électorale [6] - l’opposition parlementaire doit bénéficier au minimum de la moitié du temps de parole cumulé du Président, du gouvernement et de la majorité parlementaire, le flou est de mise dès lors qu’il s’agit des interventions des personnalités relevant de formations parlementaires n’appartenant ni à la majorité ni à l’opposition ou à des formations politiques non représentées au Parlement (...)