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Jean-Marie Harribey, pour Alternatives Economiques
Les retraites sont un marqueur social
Article mis en ligne le 7 juillet 2013

Le besoin de financement de toutes les caisses de retraites prévu pour 2020 s’élèvera à environ 20 Mds€. À cause de l’espérance de vie qui augmente ? Non, répond le rapport Moreau lui-même : « La durée et l’ampleur de la crise depuis 2008 affectent fortement le système des retraites et rendent plus exigeantes les conditions du retour à l’équilibre. » Est-ce que 20 Mds sont insupportables ? « Les besoins à l’horizon de 2020 sont de l’ordre d’un point de PIB. » Un ordre de grandeur à rapprocher de la détérioration de la part de la masse salariale de 5 points dans le PIB depuis trois décennies, que l’on retrouve sous forme de dividendes supplémentaires versés aux actionnaires, soit 100 Mds€ de plus par an, cinq fois le déficit attendu en 2020.

Au nom de l’équité, toujours plus d’injustices ?

La propagande bat son plein autour de prétendus privilèges des fonctionnaires. (...)

Depuis les premières réformes, les pensions n’évoluent plus comme les salaires, mais comme les prix. Et l’accord du 13 mars 2013 imposé par le patronat aux syndicats prévoit d’indexer les pensions complémentaires un point de moins que l’inflation. Le rapport Moreau veut baisser encore les pensions en diminuant les salaires « portés au compte », c’est-à-dire ceux qui serviront au calcul des futures pensions. En passant sous silence le préjudice supplémentaire que subiront les femmes, dont les pensions sont déjà inférieures de 32 % à celles des hommes. (...)

Le rapport Moreau, adoptant les hypothèses absurdes du Conseil d’orientation des retraites, veut augmenter la durée du travail alors que le chômage flambe, à cause de la récession et de l’interruption de la tendance séculaire à la baisse du temps de travail. Il table sur une croissance moyenne de la productivité du travail hautement improbable de 1,5 % par an pendant tout le prochain demi-siècle, avec un taux de chômage de seulement 4,5 %. Comment peut-on imaginer que la population dite active (incluant les demandeurs d’emploi) augmente de plus d’un million d’ici 2017-2018, alors qu’il n’y aura pas de création d’emplois au vu de la récession et de l’absence de RTT ? Déjà, le taux d’emploi des 55-64 ans est passé de 36 % en 2003 à 46 % en 2012, mais leur taux de chômage a aussi fortement augmenté à cause de la situation économique et de l’extinction de la dispense de recherche d’emploi. Tandis que le chômage des jeunes atteint 26 % et que rien n’est fait pour accroître l’activité des femmes. (...)