
Les patrons les mieux rémunérés de France touchent entre 600 et 1 400 années de Smic par an. Et encore, sans tenir compte de tous leurs avantages.
Le revenu annuel d’un grand patron représente de 600 à 1 400 années de smic, selon les données 2017 publiées par Proxinvest [1]. Les rémunérations des cinq premiers du classement dépassent toutes dix millions d’euros : de 10,6 millions (équivalents à 600 années de smic) pour Douglas Pferdehirt (directeur général de TechnipFMC) à 24,6 millions (1 400 années de smic) pour Bernard Charlès (Dassault Systèmes). (...)
Les revenus pris en compte dans cette étude totalisent les salaires fixes, variables et/ou exceptionnels, les avantages en nature, les stock-options* et les actions gratuites. Dans le cas de Paulo Cesar Salles Vasques (Teleperformance), quatrième du classement, ils incluent également une prime de départ de 9 millions d’euros. (...)
Les rémunérations des patrons des 120 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse se portent bien, malgré les scandales qui ont amené par exemple Georges Plassat, l’ancien PDG de Carrefour, à renoncer à une partie de ses primes de départ. En moyenne, elles atteignent 3,8 millions d’euros, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente, une évolution bien plus forte que celle des rémunérations de leurs salariés.
Ces revenus demeurent bien supérieurs à ce que le talent, l’investissement personnel, la compétence, le niveau élevé de responsabilités ou la compétition internationale peuvent justifier. Ils sont très supérieurs à ce qu’un individu peut dépenser au cours d’une vie pour sa satisfaction personnelle. Ils garantissent un niveau de vie hors du commun, transmissible sur plusieurs générations. Les arrière-arrière-petits-enfants de ces grands patrons ne seront jamais dans le besoin. Ces rémunérations permettent aussi de se lancer dans des stratégies d’investissements personnels (achat d’entreprises, de collections artistiques, fondations, etc.) et d’assouvir les fantasmes les plus fous (aller sur Mars, prolonger la vie, etc.). Contrairement aux salariés de base, ces dirigeants disposent aussi de mécanismes de protection considérables en cas de départ forcé de l’entreprise résultant d’une mésentente avec les actionnaires, d’erreurs stratégiques ou économiques.