
(...) Tous ont en commun d’avoir dû faire face à un moment difficile dans leur vie : la perte d’un emploi, une expulsion locative, une séparation brutale, puis un essoufflement des solutions proposées par les amis ou la famille. Se retrouver à la rue, c’est dormir sur un trottoir, une bouche de métro, dans sa voiture, caché. C’est devoir affronter, aussi, le regard de la société. (...)
Une personne sur quatre en centre d’hébergement travaille. Cuisiniers, ouvriers du bâtiment, caissiers, taxis, hommes ou femmes de ménage, agents de sécurité. Ils sont auto-entrepreneurs, intérimaires, en CDD, à mi-temps ou payés au SMIC et sont à la rue. Voilà l’autre visage de la cinquième puissance économique du monde.
L’impératif de solidarité incombe à tous
Comment ne pas s’alarmer de cette situation, alors que nous sommes un des pays les plus riches ? Car en France, l’argent coule à flot. Les actionnaires se sont distribués plus de 40 milliards d’euros de dividendes l’année dernière, comme l’année précédente. C’est le record d’Europe. Alors que les besoins d’investissement dans les structures d’accueil sont criants, les plus grandes fortunes échappent quasiment à l’impôt et les multinationales pratiquent l’évasion fiscale massive. (...)
Face à la détresse de ces femmes et de ces hommes, nous devons changer de braquet : nul n’est condamné à la rue. On peut en sortir et se reconstruire. Pour cela, il faut combiner la volonté politique, la compétence des associations et le courage des bénévoles.
Les sans-abris ne meurent pas de froid, ils meurent de l’inaction politique. Déplorer que le système d’hébergement est saturé ne suffit pas.