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Les solutions à la crise ? La répartition des richesses et du pouvoir !
Isabelle Attard a été députée écologiste du Calvados. Elle se présente comme « écoanarchiste ».
Article mis en ligne le 18 décembre 2018

« Comment puis-je conserver le contrôle de mes forces de sécurité, après l’Événement ? » C’est LA question que 5 milliardaires new-yorkais, PDG de société de courtage, de fonds d’investissement, parmi les plus riches de la planète ont posée à l’écrivain, journaliste, chroniqueur, conférencier, graphiste et documentariste étasunien Douglas Rushkoff en 2017. Par « événement », ils entendaient « l’effondrement environnemental, les troubles sociaux, l’explosion nucléaire, le nouveau virus impossible à endiguer ou encore l’attaque informatique d’un M. Robot qui ferait à lui seul planter tout le système ».

« Ils avaient conscience que des gardes armés seraient nécessaires pour protéger leurs murs des foules en colère. Mais comment payer ces gardes, le jour où l’argent n’aurait plus de valeur ? Et comment les empêcher de se choisir un nouveau leader ? Ces milliardaires envisageaient d’enfermer leurs stocks de nourriture derrière des portes blindées aux serrures chiffrées, dont eux seuls détiendraient les codes. D’équiper chaque garde d’un collier disciplinaire, comme garantie de leur survie. Ou encore, si la technologie le permettait à temps, de construire des robots qui serviraient à la fois de gardes et de force de travail. » On se demande bien avec quelles énergies ces milliardaires envisageaient d’alimenter leurs robots-miliciens après l’effondrement…

Le conférencier leur a suggéré « de traiter leurs employés du mieux possible », dès maintenant, « de se comporter avec eux comme s’il s’agissait des membres de leur propre famille ». Et, pour résumer, de répartir dès à présent leurs richesses.

Mais, comme conclut Rushkoff : « Éviter la catastrophe ne les intéressait finalement pas, persuadés qu’ils sont que nous sommes déjà trop engagés dans cette direction. Malgré le pouvoir que leur confèrent leurs immenses fortunes, ils ne veulent pas croire en leur propre capacité d’infléchir le cours des événements. »

Il faudrait donc rester dans la situation actuelle d’injustice fiscale poussée à son paroxysme, parce que les hommes les plus riches de la planète ont peur des foules en colère ? Alors que la sixième extinction des espèces a lieu, que notre civilisation thermo-industrielle croule sous nos déchets technologiques non recyclables, nous devrions sagement attendre que la technologie justement permette à quelques « élus » de rejoindre une autre planète en nous laissant crever sur la nôtre ?

Bien évidemment que non.

Explorer des chemins démocratiques inconnus (...)

Explorer des chemins démocratiques inconnus
Alors posons-nous, réfléchissons ensemble, en humains responsables préférant jouer collectifs plutôt que chacun pour soi. En écrivant L’An 01 en 1970, Gébé nous le conseillait déjà : arrêtons tout, ralentissons, débattons ! Et pourquoi pas nous passer de président et de gouvernement pendant un an ! Après tout, est-ce que l’avenir de nos enfants et de toute la vie sur Terre ne mérite pas d’explorer des chemins démocratiques inconnus ? Ces dernières semaines, ce ralentissement a lieu sur l’île de la Réunion. Moins de voitures, moins de pollution, plus de vélos, on fait ses courses chez les commerçants du coin. Le Tangue se demande joyeusement si cette décroissance est vraiment si catastrophique que cela ?

Prenons exemple à l’étranger. Face à la faillite de leur pays en 2008, les Islandais décidèrent de réécrire leur Constitution. Malgré la non-validation de cette nouvelle Constitution par le Parlement, leur expérience d’assemblée citoyenne tirée au sort a prouvé au monde entier que la démarche était possible. Et que l’on ne vienne pas excuser notre impuissance par la taille de notre pays comparée à celle de l’Islande. Il ne s’agit comme toujours que de volonté politique ou plutôt d’absence de volonté. (...)

Si vous comptez sur l’oligarchie au pouvoir pour aller dans ce sens et défendre l’intérêt général, vous pouvez toujours attendre. Ne soyons plus naïfs sur les vrais objectifs de l’État qui souhaite par-dessus tout que rien ne change, en protégeant les intérêts des puissants.

Organisons-nous collectivement contre la finance mondiale et les multinationales, car les solutions écologiques et sociales sont à la portée des citoyens. Les entreprises autogérées, les coopératives d’habitat, les assemblées locales et autres lieux d’émancipation et d’éducation populaire, même s’ils sont beaucoup trop rares, existent déjà !

Cet autre monde solidaire, émancipateur et féministe, l’écoanarchiste Murray Bookchin en a beaucoup parlé, le territoire kurde du Rojava est en train de l’expérimenter. Et nous ?