
On ne peut qu’espérer voir le lecteur se précipiter sur cet ouvrage, compte tenu des problèmes devant lesquels nous place notre époque. Non pas que nous cherchions à évoquer une quelconque continuité dans l’histoire qui nous conduirait à parler de la guerre, comme d’une essence qui insisterait à toute époque. La perspective ouverte par cette lecture est plus subtile, parce que l’ouvrage, qui n’est pas sans présupposés métaphysiques et religieux, a tout de même l’avantage d’ordonner des arguments contre la guerre dont nos contemporains pourraient avoir besoin afin de discuter de cette question en public ou en privé.
En l’occurrence, s’agissant de l’auteur, Érasme, nous voici propulsés dans le milieu des humanistes du xvie siècle. D’ailleurs, en lisant cet ouvrage de près, on retrouve constamment les vocables et les tournures conceptuelles de ce milieu (de Pic de la Mirandole à du Bellay, en particulier). Pour en terminer avec Érasme, son Éloge de la folie est bien connu, comme son Traité de la puérilité civile. Ce qui n’est encore pas grand-chose de la quantité d’écrits rédigés par cet auteur.
Attachons-nous ici simplement à restaurer très brièvement la logique d’un raisonnement proposé, en 1516, au Prince (certainement à tous les princes, mais aussi à Philippe, évêque d’Utrecht, fils naturel de Philippe Le Bon, demi-frères de Charles le Téméraire, etc.). Cette logique, pour ceux qui voudraient prolonger leur lecture, sert de référence aux ouvrages sur la paix rédigés jusqu’au xviiie siècle. Sans doute, par la suite, la teneur de la guerre change-t-elle un peu. (...)
