Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Les violences ? « Une volonté politique que ça dégénère »
Article mis en ligne le 30 juin 2016

Mercredi 29 juin, Reporterre présentait son rapport sur les violences policières à l’Assemblée nationale. Députés, représentants syndicaux de policiers, de journalistes, de magistrats et de salariés se sont succédé au micro pour dénoncer un durcissement intolérable du maintien de l’ordre et une atteinte au droit de manifester.

« On est en train d’assister, et c’est peut-être ça le plus grave, à un changement de doctrine dans le maintien de l’ordre dans notre pays. » Le constat, alarmant, est dressé par Noël Mamère, député (non inscrit) de Gironde. Il a été largement partagé par tous les témoins – représentants de syndicats de journalistes, de policiers, de salariés, personnalités politiques et membres de la société civile – présents à l’Assemblée nationale, mercredi 29 juin, pour la présentation à la presse du Rapport d’information sur les actions de maintien de l’ordre menées depuis le début des manifestations d’opposition à la loi travail réalisé par Reporterre. (...)

Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, raconte le choc causé par les violences policières pendant les manifestations contre le projet de loi travail. « Nous avions déjà observé la montée de ce type de maintien de l’ordre dans le cadre de luttes écologistes, contre le projet de barrage de Sivens et d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, précise-t-il. Mais là, nous assistions à sa généralisation. » D’où la volonté de réaliser ce « travail de terrain, pas seulement un travail journalistique mais un outil d’information pour les citoyens et porté par des politiques ». (...)

Pour Alexandre Langlois, gardien de la paix au renseignement territorial et secrétaire général de la CGT Police, ces violences sont la conséquence d’une « volonté politique que ça dégénère ». « Quand le pouvoir décide de mettre des choses en place, comme sur les deux dernières manifestations contre le projet de loi travail, tout se passe bien », remarque-t-il. Autre indice de cet instrumentalisation politique du maintien de l’ordre, selon lui, la modification du Code de déontologie de la police par Manuel Valls, en 2014 : « Il a supprimé la phrase selon laquelle la police est garante des libertés individuelles, et l’a remplacée par une autre indiquant qu’elle protège les intérêts supérieurs de la Nation – une notion dont le calibrage, complètement subjectif, dépend des intérêts politiciens du moment ! »

Or, les policiers n’ont pas forcément envie d’aller « taper du manifestant », assure le représentant syndical. « On a beaucoup moins d’intérêts communs avec la caste dirigeante qu’avec les gens qui manifestent, estime-t-il. Nous nous battons pour que, comme en Allemagne ou en Italie, les policiers puissent donner un fort signe de soutien aux manifestants en leur assurant qu’ils sont au service du peuple, et pas d’un pouvoir répressif. » (...)

Dominique Pradalié, porte-parole du Syndicat national des journalistes (SNJ), dénonce quant à elle la « volonté évidente, depuis mars-avril, d’empêcher les journalistes d’être témoins des exactions commises contre des manifestants paisibles. Les forces de l’ordre ont détruit du matériel, exigé des photographes qu’ils vident leurs cartes mémoires... Des choses qu’on n’a jamais connues. » (...)

Source d’inquiétude supplémentaire pour la secrétaire générale du Syndicat de la magistrature Laurence Blisson, les auteurs des brutalités policières bénéficient d’une certaine impunité. (...)