
À Beaucaire, avec des électeurs du FN. Et au centre humanitaire Paris-Nord, porte de la Chapelle, qui accueille des migrants
Voix du Front
Près des 7 millions de voix au second tour des régionales, 25% aux élections européennes, et un discours politique qui a contaminé non seulement l’ensemble de la droite française mais aussi toute une partie de la gauche, qui triomphe outre-Atlantique et prospère partout en Europe. Marine Le Pen peut bien se défendre d’être à la tête d’un parti d’extrême droite, lisser son discours et ripoliner la façade du Front pour le rendre présentable, le racisme et la xénophobie sur lesquels le FN s’est construit continuent d’être le ciment qui unit ses électeurs, qui tient les murs de la maison. Car on vote Front National avant tout parce qu’on adhère à ses idées. La différence aujourd’hui c’est qu’on ne s’en cache plus. Dans cette France des oubliés, des mis au ban de la société mais aussi de la politique, on est même fier de soutenir “Marine”. Alors pour essayer de comprendre ces fractures françaises, on est allé rencontrer Sabrina à Beaucaire, l’une de ces onze villes conquises par le FN en 2014.
Un reportage de Charlotte Perry
Les voies de l’accueil
Accueil ou non accueil ? Malgré l’ouverture du centre humanitaire Paris-Nord, il y a un peu plus de deux mois, du côté de la porte de la Chapelle, la question reste entière. Après le démantèlement de la jungle de calais, la chasse aux campements informels parisiens et l’arrivée de la vague de grand froid, comment l’Etat honore sa responsabilité constitutionnelle de mettre à l’abri les personnes migrantes ? Et bien c’est souvent grâce à des associations, des collectifs, des simples citoyens, que la situation ne vire pas au drame. Une façon de dénoncer et de pallier aux carences de l’Etat en matière d’hospitalité. Un manque de moyens et de volonté politique pour accueillir dignement ceux qui demandent la protection de la France quand ce n’est pas “le délit de solidarité” qui est brandi pour dissuader ceux qui s’engagent pour le respect et le droit des êtres.
Un reportage d’Antoine Chao