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Les zapatistes viennent en Europe raviver les braises de la rébellion
Article mis en ligne le 4 mai 2021
dernière modification le 3 mai 2021

Une délégation d’environ 150 zapatistes va quitter le Chiapas, au Mexique. Direction : l’Europe. Des milliers de personnes s’activent pour les accueillir : zadistes, Gilets jaunes, collectifs féministes ou de sans-papiers, militants contre la violence policière... Objectif du voyage : relier les luttes, partout dans le monde.

Au Chiapas, dans le sud du Mexique, on évoque parfois une vieille légende, celle d’une montagne vivante qui navigue à contre-courant. Vêtue d’arbres, d’oiseaux et de pierres, la montagne se serait levée dans un long gémissement. Elle aurait arraché non sans mal ses pieds de la terre. À son passage, des femmes et des hommes se seraient accrochés aux pans de sa jupe. On dit aussi que des personnes transgenres les auraient rejoints. Elles et ils auraient grimpé sur son corsage, puis sur ses épaules jusqu’à atteindre le sommet de sa chevelure. Tous cheminèrent ainsi très loin, vers d’autres contrées, « cherchant non la différence, non la supériorité, non la confrontation et moins encore le pardon et la compassion ». Ils allèrent « à la rencontre de ce qui les rendait égaux ».

Cette histoire pourrait, aujourd’hui, devenir réalité. C’est du moins ce que racontent les zapatistes. Une délégation d’Indiens du Chiapas s’apprêtent à prendre la mer et à mettre le cap sur l’Europe. Ils emportent avec eux leurs traditions, leurs imaginaires et leur parole révolutionnaire. (...)

Environ 150 zapatistes sont attendus. Les trois quarts sont des femmes. Dans leur première déclaration, en octobre dernier, elles et ils annonçaient qu’ils étaient « porteur·se·s du virus de la résistance et de la rébellion ». Elles et ils appelaient à « faire nôtres les douleurs de la terre » et à combattre pied à pied « un système exploiteur, patriarcal, pyramidal, raciste, voleur et criminel ». « La survie de l’humanité dépend de la destruction du capitalisme », assuraient-elles.

« L’expérience zapatiste est une utopie réelle » (...)

Au tournant des années 2000, ils avaient déjà contribué au courant altermondialiste. En arrachant un territoire grand comme la Belgique aux mains du gouvernement mexicain et des paramilitaires, ils avaient montré concrètement que d’autres mondes sont possibles, sans autorité centrale et hors de l’économie marchande. Vingt-cinq ans plus tard, des dizaines de milliers de personnes vivent toujours dans ces communautés et luttent au quotidien pour le droit des peuples indigènes. (...)

Les zapatistes se sont toutefois gardés de l’idée de venir comme des donneurs de leçons. Après avoir invité des militants occidentaux pendant de nombreuses années pour leur faire découvrir leur lutte, les Indiens souhaitent désormais inverser les rôles et partager leur réalité. « On entre dans une forme de réciprocité, souligne Élise, militante francilienne, qui organise avec d’autres leur venue en France. Cela créé un rapport d’égal à d’égal et permet l’émergence d’un vrai dialogue. Les zapatistes ne regardent pas les gens d’en bas, ils gardent leur dignité. » (...)