
Avant toute chose, je voudrais m’excuser pour le désordre devant vos bureaux. Cela fait trois semaines que tous ces hippies et ces punks, ces étudiants et ces syndicalistes, ces mères qui travaillent et ces pères célibataires, ces pilotes de ligne et ces enseignants, ces employés de magasin et ces militaires, ces victimes de saisie ont décidé de camper sur votre gazon. Et je suis sûr que cela a été un désagrément pour vous.
Comment quelqu’un peut-il dépenser ses énormes bonus pratiquement non taxés dans un café double crème et un rail de coke, avec toute cette cohue bloquant les trottoirs ? Pas vrai ?
Vos amis de la banque JP Morgan Chase viennent de donner 4,6 millions à la Fondation de la police new-yorkaise (NYPD), le don le plus important qu’elle ait jamais reçu. Vous pensiez que beaucoup de pognon pouvait acheter un peu de contrôle des foules, mais non. (...)
Il est temps maintenant de travailler sur votre capacité d’adaptation, parce que trois semaines, ce n’est rien. Les gens qui campent sur Wall Street ne vont pas partir, tant qu’ils ne seront pas dégagés par la force. Ils ont l’air stupides dans leurs tenues, et certaines de leurs déclarations n’ont pas tellement de sens pour les gens comme vous. Mais ils ont pris racine, et vous feriez mieux de vous habituer à eux.
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Il y a toute sorte de gens marchant autour de Wall Street, hurlant à plein poumons sur vous, parce que, eh bien, ils voudraient vraiment avoir la possibilité de trouver un emploi rémunérateur, ils voudraient avoir un avenir. Mais cet habile tour de passe-passe que vous et les vôtres avez réalisé (à nos frais) a achevé la destruction de l’économie des hommes et des femmes ordinaires. Et l’homme et la femme ordinaire ont décidé qu’il valait mieux – plus que toute autre chose – passer ces heures d’inactivité forcée (créées par vous) sur le seuil de votre porte.
Admettons-le : le désordre devant votre bureau est votre œuvre. (...)
il y a ces casse-pieds de manifestants, exerçant leur liberté d’expression afin de montrer quels bandits vous êtes.
Ils restent là, de plus en plus nombreux, à New York comme dans toutes les grandes villes, d’un océan à l’autre. Et aucun d’eux n’ira nulle part, tant que les gens comme vous ne seront pas sortis de leurs citadelles avec des menottes, et contraints de payer pour le viol permanent de ce qui fut étrangement appelé le « rêve américain »… (...)