
Le président d’Azerbaïdjan arrive ce lundi en France, à l’invitation de François Hollande dans le cadre d’une tentative de règlement du conflit du Haut-Karabakh avec l’Arménie. Mais le président Aliev est aussi un chef d’Etat autoritaire qui a emprisonné une opposante, Leyla Yunus, à qui la France avait remis la Légion d’honneur en mai l’an dernier. En raison de ce lien particulier avec la France, sa fille, Dinara Yunus, adresse cette supplique légitime au Président français : « intervenez pour faire libérer ma mère ». P.H.
(...) Ma mère, comme vous avez vu pu le constater, est une femme frêle. Elle est désormais victime de traitements inhumains dans le centre de détention préventive. Ma mère est constamment humiliée, insultée et attaquée par sa codétenue, une criminelle endurcie. (...)
Mais ce n’est pas seulement ma mère qui est derrière les barreaux sur la base d’accusations infondées ; mon père, Arif Yunus, se trouve également dans cette triste situation. Ils encourent tous deux une peine de 15 ans, voire une condamnation à perpétuité. (...)
Mes parents sont victimes de leur travail en faveur des droits humains en Azerbaïdjan, auquel ils ont consacré une trentaine d’années, soit une grande partie de leur vie.
- Des parents qui n’ont jamais pensé à leur propre sécurité et protection, mais uniquement à celle des autres.
- Des parents qui ont protégé des prisonniers politiques et des prisonniers de conscience, et qui sont désormais prisonniers de conscience eux-mêmes.
- Des parents qui ont déjà été sanctionnés en 2012, lorsque notre résidence privée – siège de l’Institut pour la Paix et la Démocratie - a été illégalement démolie lors du Concours Eurovision de la Chanson, juste parce que maman et papa ont voulu défendre des citoyens qui avaient été privés de leurs droits de propriété.
- Des parents qui pendant de nombreuses années ont été empêchés d’avoir à leurs côtés leur fille, contrainte de vivre à l’étranger en raison du danger encouru par les défenseurs des droits humains et leurs familles en Azerbaïdjan. (...)
Il semble ironique que le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, tout en discutant de solutions pacifiques pour le conflit du Haut-Karabakh, emprisonne mes parents qui travaillent dur eux-mêmes vers cet objectif en en promouvant un dialogue constructif entre citoyens.
Mes parents ont contribué à la création du premier et unique site web où les représentants des deux sociétés civiles arménienne et azerbaïdjanaise ont l’opportunité de mener des dialogues publics. Ces dialogues peuvent apporter la paix et la stabilité dans la région.
Seule votre demande directe au président Ilham Aliyev peut faire une différence. (...)