
Comme souvent à l’occasion de rassemblements politiques, la grande majorité des médias dominants ayant couvert la Fête de l’Humanité qui s’est tenue le week-end dernier se sont contentés d’évoquer les questions de politique politicienne, bien que celles-ci furent marginales durant les trois jours de débats organisés à La Courneuve.
Pour ne citer qu’un exemple, évoquons les trois heures de discussions autour de la prochaine conférence internationale sur le climat (COP21), qui ont réuni (notamment) des représentant•e•s de la coalition Climat 21, Réseau Action Climat, Alternatiba, l’association des femmes peules autochtones du Tchad, Attac ou encore Vandana Shiva. La seule et unique mention de ce débat ô combien d’actualité dans la presse française se trouve dans… L’Humanité.
Autre exemple significatif : dans un article publié samedi soir sur son site Internet, Libération a choisi, comme l’essentiel de ses confrères, d’axer son récit sur les alliances à venir pour les prochaines élections. Le papier titré « À la fête de l’Humanité, la si difficile unité du Front de gauche », développe essentiellement les ambitions personnelles des principales têtes d’affiche du week-end (...)
le principal propos à retenir de ces presque deux heures de discours, c’est la volonté de Mélenchon d’être candidat à la présidence de la République française.
Sauf que si Mélenchon a bien prononcé ces mots-là, ou à peu près, la citation telle que la rapporte le journaliste de Libération est tronquée, inexacte, et sortie de son contexte, ce qui lui confère un sens qui n’a plus rien à voir avec le propos du dirigeant du Parti de gauche, qui ne souffre pourtant aucune ambigüité :
« Nous avons besoin de faire valoir l’irréductible volonté qui est la nôtre si nous voulons être entendus. Je vous ai dit qu’il faut créer des rapports de force. Je suis obligé d’élever la voix, mes amis, mes camarades, parce que j’aspire à gouverner ce pays autant que vous et avec vous, et je veux que l’on sache, au-delà de toutes les frontières, que je ne céderai jamais rien ! J’ai besoin qu’on le sache ! J’ai besoin qu’on le sache ! J’ai besoin que l’on sache que s’il leur est arrivé de pouvoir menacer Alexis Tsipras parce que l’économie de la Grèce c’est 2% de l’économie européenne, on ne pourra pas menacer un dirigeant français qui résiste, parce qu’il représente 18% de l’économie européenne, c’est-à-dire à peu près autant que l’Allemagne. » (...)
Cette grossière erreur « de transcription » est-elle une perfidie du journaliste à l’endroit de Mélenchon, ou plutôt, le fruit d’une déformation professionnelle du journaliste politique, qui, à force de ne s’intéresser qu’aux ambitions personnelles et aux stratégies pour les assouvir, finit par entendre ce qu’il a envie d’écrire ? Peu importe, le résultat est le même et le ver était dans le fruit dès lors que le journaliste avait décidé, ou s’était vu ordonner, d’écrire un article sur la Fête de l’Humanité sous un angle qui le dispensait de s’intéresser à… la Fête de l’Humanité ! (...)