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Lire : Bâtonner. Comment l’argent détruit le journalisme, de Sophie Eustache
Article mis en ligne le 3 juin 2020
dernière modification le 2 juin 2020

Début 2020, la journaliste Sophie Eustache a publié aux Éditions Amsterdam Bâtonner. Comment l’argent détruit le journalisme. Un ouvrage utile qui recense les logiques commerciales à l’œuvre dans les médias, et décrit leurs conséquences sur l’exercice du métier de journaliste.

« Bâtonner » : « réécrire de manière intensive les dépêches produites par les agences de presse ». Sophie Eustache [1] nous immerge dans un monde professionnel, celui des petites mains des services web des grands médias, et nous initie à son jargon. Un monde où les « deskeurs » (des « journalistes assignés à un travail de bureau ») sont appelés à « produire des contenus » (en général une bonne demi-douzaine d’articles par jour, au moins). Où l’objectif est l’audience, mesurée instantanément, et où « bâtonner » est devenu l’alpha et l’omega du journalisme. (...)

Comment a-t-on pu en arriver là ? En brassant des témoignages, des portraits de journalistes, des exemples de leurs conditions de travail, mais aussi divers documents (d’annonces de recrutement en comptes rendus d’audience prud’homale, en passant par des rapports de services marketing), Sophie Eustache donne corps aux dynamiques qui bouleversent le champ journalistique depuis des dizaines d’années. Concentration des médias entre les mains de quelques hommes d’affaires, externalisations, indexation des stratégies éditoriales sur des logiques commerciales (« quête de nouveaux espaces publicitaires », course à l’audience et au clic…), suppressions d’emplois dans les rédactions…

Autant de phénomènes qui rendent amères les conditions d’exercice du métier de journaliste, et délétère l’information produite par ces médias. Les diktats donnent d’ailleurs au livre ses sept titres de chapitres : « Déposséder », « Marchandiser », « Numériser », « Copier-coller », « Couper », « Censurer/Sensurer », « Checker », synthétisant les fondements d’une politique qui, au bout du compte, « anéantit de fait le journaliste en tant que travailleur intellectuel autonome ».« Bâtonner » : « réécrire de manière intensive les dépêches produites par les agences de presse ». Sophie Eustache [1] nous immerge dans un monde professionnel, celui des petites mains des services web des grands médias, et nous initie à son jargon. Un monde où les « deskeurs » (des « journalistes assignés à un travail de bureau ») sont appelés à « produire des contenus » (en général une bonne demi-douzaine d’articles par jour, au moins). Où l’objectif est l’audience, mesurée instantanément, et où « bâtonner » est devenu l’alpha et l’omega du journalisme. (...)

Car il s’agit bien de s’adapter ou de périr – partir ou se faire pousser dehors : ce que montre Bâtonner, c’est que dans les conditions actuelles, il est impossible de bien faire un travail de journaliste. (...)

Raison de plus, sans doute, de rappeler que la question des médias n’est pas l’apanage des seuls journalistes et que, contre la mainmise de l’argent sur le journalisme, une réappropriation démocratique des médias est nécessaire.