
L'usage de l'expression "lobby LGBT" sans distance par deux stars de @Francetele, afin de décrire la croisade de l'Italienne Giorgia Meloni contre les LGBT, n'est pas passé, y compris au sein du groupe audiovisuel public : @fabre_marina explique pourquoi.https://t.co/HA1R1CHi0r
— Arrêt sur images (@arretsurimages) September 29, 2022
"Deux de nos visages ont utilisé cette expression donc, oui, le sujet est pris avec sérieux"
Deux personnalités de France Télévisions, Anne-Sophie Lapix et Anne-Élisabeth Lemoine, ont utilisé l’expression "lobby LGBT" dans leurs émissions en reprenant à leur compte un terme employé par l’extrême droite, en l’occurrence l’italienne Giorgia Meloni. Suscitant une levée de boucliers hors et dans France Télévisions.
Lundi 26 septembre, Anne-Sophie Lapix introduit, dans le journal de 20 heures de France 2, un reportage sur la victoire de la candidate italienne d’extrême droite Giorgia Meloni aux élections législatives. "Giorgia Meloni est une anti immigration anti avortement également, hostile au lobby LGBT. À quoi va ressembler l’Italie de Meloni ?", introduit-elle.
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Le petit air du "lobby LGBT", tellement banalisé qu’il revient parfois sans guillemets ni contexte dans la bouche de journalistes pourtant peu suspects d’homophobie, a été composé et mis en musique par l’extrême droite qui, de la Russie de Poutine aux États-Unis de Trump en passant par l’Europe d’Orban, compose un vrai lobby… anti-LGBT. (...)
Comme on le fait avec beaucoup d’injures qui nous sont adressées – pédé, queer, folle –, nous nous approprions parfois le terme “lobby” sur le ton de la blague. Mais a-t-on seulement relevé la nature de la charge ? Il y d’abord la minimisation, comme quand Marine Le Pen expliquait, le 19 mai 2013 sur le plateau de France 5, que “le mariage n’était qu’une revendication ultra-minoritaire portée par le micro-lobby LGBT”. Mais qu’une seule minorité, si petite soit-elle, subisse une discrimination, et “la flétrissure nous atteint tous”, pour reprendre les mots de Robert Badinter devant l’Assemblée nationale le 20 décembre 1981. Et il y a surtout la disqualification, que la campagne présidentielle d’Éric Zemmour aura au moins eu le mérite d’expliciter haut et fort, comme sur BFMTV le 9 février dernier : “Les LGBT sont un lobby et des gens qui essayent d’influencer la politique nationale au détriment de la majorité, qui veulent imposer leur vision du monde au détriment de la vision du monde de la majorité.”
Au détriment, nous y voilà… Ces inlassables opposants à toute avancée des droits pour les LGBTQI+ savent bien que dans l’imaginaire populaire en France – les cultures libérales ont le lobbying moins honteux –, un lobby défend des intérêts, le plus souvent privés, au détriment s’il le faut de l’intérêt général. Voilà leur entourloupe : déshonorer des luttes fondamentales, celles de minorités pour le droit d’exister sans discriminations ni tabassages, en les faisant passer pour la défense cupide d’intérêts particuliers. (...)
Zemmour dit “le lobby LGBT” comme ses ancêtres idéologiques disaient “la juiverie” ou “l’hydre franc-maçonne”. Et d’ailleurs, que cite-t-il comme exemple de victoire LGBTQI+ qui aurait été obtenue au détriment de la majorité ? “Le mariage homosexuel”. Car il ne viserait rien de moins qu’à “démolir la norme hétérosexuelle”. Ben voyons !
On rappelle à toutes fins utiles que le vrai #lobby, il est anti-LGBT pic.twitter.com/vnYoOiYBcP
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) September 28, 2022