
Une étude de l’Insee met en évidence l’hyperconcentration, à la fois sociale et géographique, du patrimoine immobilier français. Une richesse qui, loin de ruisseler, obéit à une logique d’accumulation.
Non seulement on ne prête qu’aux riches, mais plus on est riche, plus on est « multipropriétaire » : tel est l’enseignement de l’étude que l’Institut national de la statistique (Insee) consacre au logement dans son Portrait social de la France paru ce jeudi.
En France, 58 % des ménages sont propriétaires d’au moins un logement (résidence principale ou autre) mais la majorité n’en possède qu’un seul. En revanche, et cela en dit long sur l’extrême concentration du patrimoine immobilier français, un quart des ménages (24 %) détiennent à eux seuls les deux tiers du parc de logements (68 %). Ce n’est pas un scoop : le nombre de logements possédés augmente avec le niveau de vie. Plus on est riche, plus on est possédant.
Sauf à penser, comme Eric Zemmour, qu’être propriétaire d’un 100 m² à Paris, valant 1,3 million d’euros, ne fait pas de vous un riche et qu’il serait donc juste d’abolir l’impôt sur la fortune immobilière qui concerne 143 000 foyers à partir de ce seuil. L’Insee n’est pas de cet avis : le patrimoine net moyen par ménage, une fois les crédits déduits, s’élève à 240 000 euros, soit cinq fois moins que le chiffre de Zemmour, selon sa dernière enquête sur les « Revenus et patrimoine des ménages ». Posséder un 100 m² à Paris vous classe parmi les 10 % les plus riches.
L’institut explique cette concentration par le fait que les ménages les plus aisés ont « une capacité d’épargne plus importante, qu’ils peuvent mobiliser pour se constituer un patrimoine immobilier, pour leur résidence principale, mais aussi pour des résidences secondaires ou des investissements locatifs ». En outre, « les transmissions intergénérationnelles aident aussi à se constituer un patrimoine immobilier, or les héritiers et donataires sont plus aisés que la moyenne ». (...)
Autre enseignement, 3,5 % des ménages possèdent la moitié des logements en location. (...)
Et tant pis si cela appauvrit l’Etat, en diminuant ses recettes fiscales. Dans une note récente, la Cour des comptes évalue le montant des différents avantages fiscaux liés au logement à 13,9 milliards d’euros en 2020. (...)
Le patrimoine est aussi concentré géographiquement. Ainsi, les propriétaires de cinq logements ou plus détiennent 40 % des logements situés à Paris. (...)