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l’Humanité
Loi Egalim 2 et méthodes de voyous dans la grande distribution
Article mis en ligne le 15 octobre 2021

Le 11 octobre, la note « INSEE première », portant le numéro 1876, publiait des informations chiffrées et par filières de productions sur le revenu moyen des paysans français en 2018. Cette année-là, les exploitants de moins de 65 ans étaient au nombre de 399 000, soit 1,5 % des actifs en France. Les trois quarts d’entre eux étaient des hommes. 18 % des paysans en activité vivaient sous le seuil de pauvreté. Mais le pourcentage était de 25 % chez les éleveurs de bovins à viande et de moutons. Dans ces filières, le revenu annuel moyen était de 11 300 €. Le taux de pauvreté était de 19 % chez les producteurs de lait de vache pour un revenu annuel moyen de 17 000 €. La pauvreté touchait aussi 23 % des paysans dans les cultures fruitières dont les prix sont souvent cassés par le recours aux importations dont usent et abusent les enseignes de la grande distribution pour accroître leurs marges.

La note de l’INSEE nous indiquait également que, lorsqu’il travaille, le conjoint d’un exploitant agricole est salarié dans sept cas sur dix. Une telle situation mérite un éclairage qui ne figurait pas dans l’analyse de l’INSEE. Depuis déjà de nombreuses années, le fait d’avoir un conjoint salarié hors de l’exploitation a permis à beaucoup de jeunes paysans de s’installer et de rembourser les emprunts indispensables pour s’installer. C’est au prix de ce sacrifice qu’ils espèrent dégager un revenu décent plus tard, quand les plus fortes mensualités de leurs différents crédits seront remboursées. Sans ces sacrifices consentis pour accéder au métier de paysan, les nouvelles installations seraient encore plus rares alors qu’elles sont insuffisantes pour assurer le renouvellement des générations depuis de nombreuses années.
« Briser des jambes des fournisseurs » avant de négocier

Au lendemain de la publication de cette note de l’INSEE, la chaîne Arte diffusait en début de soirée un documentaire sur les relations commerciales dictatoriales que les enseignes de la grande distribution continuent d’imposer à leurs fournisseurs de l’industrie agroalimentaire, dont beaucoup sont des petites et moyennes entreprises. On y apprenait que nos grandes enseignes hexagonales sont membres de quatre centrales d’achat européennes différentes : Leclerc est dans l’une, Carrefour dans une seconde, Auchan dans une troisième et ainsi de suite pour accroître la pression sur les fournisseurs par des méthodes souvent perverses et malhonnêtes. En témoignent ces propos d’un « négociateur » d’enseigne rapporté par Marwan Mery, expert en négociation d’ADN Group : « ce qui est important, c’est de briser les jambes des fournisseurs, une fois qu’ils sont au sol on peut commencer à négocier », lui a confié un représentant d’une centrale européenne d’achat.

Le documentaire fourmillait de témoignages illustrant le comportement abject des représentants de la grande distribution dans les « box » de discussion avec leurs fournisseurs. (...)

nous entrons désormais dans une conjoncture à hauts risques. C’est vrai pour les paysans comme pour les nombreuses entreprises de l’agroalimentaire. La hausse des prix des énergies, des engrais, des métaux, des emballages en carton, en bois et en plastique risque de durer et augmentera le prix de revient d’une multitude de produits alimentaires dont on va discuter des volumes des prix d’entrée en magasin après mars 2022, d’ici la fin du mois de février dans les « box de négociation ». Concernant la loi Egalim 2, nous allons donc connaître des mois de vérité avant le prochain scrutin présidentiel et voir si la promesse faite par Emmanuel Macron à Rungis le 11 octobre 2017 a une petite chance d’être en tenue.