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Loi Renseignement : quand Cazeneuve s’appuie sur une jurisprudence qui lui donne tort
Article mis en ligne le 27 avril 2015

Pour défendre son projet de loi Renseignement et la collecte massive de données de connexion, Bernard Cazeneuve s’appuie sur deux arrêts de jurisprudence, l’un de la Cour de justice de l’union européenne, l’autre de la Cour européenne des droits de l’homme. Mais ces deux arrêts ne disent pas ce que veut y voir le ministre de l’Intérieure, voire disent exactement le contraire ce qu’il dit y lire !

Il faut reconnaître que la longue réponse adressée par Bernard Cazeneuve vendredi dernier à la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), laquelle avait démonté le projet de loi Renseignement, est autrement plus sérieuse que le vrai/faux ridicule publié par le Gouvernement, qu’il avait tenté d’imposer comme LA vérité, et la seule à connaître. Pour la première fois depuis le début des débats, le ministère de l’intérieur prend le temps d’expliquer en détails les motivations juridiques derrière certains choix, non toutefois sans y mettre ici une certaine dose de mauvaise foi, bien opportune.

Ainsi par exemple, pour prétendre que la collecte massive de données de connexion ne serait pas une surveillance de masse, le ministre affirme sans apporter de détails que "la jurisprudence tant de la Cour de Justice de l’Union européenne que de la Cour européenne des droits de l’Homme tend à considérer que les données de connexion représentent une ingérence moindre dans la vie privée que l’interception du contenu des communications". Seule une note de bas de page cite deux arrêts en référence :

  • Pour la CJUE, le point 39 de l’arrêt Digital Rights Ireland du 8 avril 2014 ;
  • Pour la CEDH, le point 42 de l’affaire PG et JH c. Royaume-Uni du 25 septembre 2001.

Or aucun de ces deux arrêts ne dit que la collecte de métadonnées est une ingérence moindre que l’interception du contenu. L’arrêt de la CJUE qui a abouti à invalider la directive européenne sur la rétention des données de connexion dit même précisément le contraire ! (...)

Ce n’est hélas pas la première fois que Bernard Cazeneuve tord le droit pour défendre le projet de loi Renseignement, puisqu’il l’avait déjà fait en prétendant à l’Assemblée nationale que le droit à la vie privée n’était pas une liberté publique.