
Le romancier Vikram Seth dénonce une décision de justice anti-gay
C’est le romancier dont personne ne veut, et qui aura fini par trouver un éditeur contre toute attente. Et pour autant, Vikram Seth sait faire preuve de plus d’humanité pour les grandes causes, que de respect de contrats pour les gros chèques. En Inde, la Cour suprême vient de prononcer un arrêt discriminatoire pour l’ensemble de la population LGBT. Et l’auteur ne laisse pas passer cette décision sans intervenir... (...)
En réintroduisant une loi indienne et ancienne, qui restreint les droits des LGBT, il considère que le pays fait preuve « d’une mesquinerie intellectuelle et d’un vide éthique », qui vont à l’encontre de la véritable culture du pays, particulièrement diversifiée.
C’est que, chacun à sa mesure, appartient à une forme de minorité - qu’elle soit sexuelle, politique, linguistique ou religieuse. Et c’est sur cette pluralité que le pays s’est forgé depuis trois générations, et ce modèle social est, selon lui, la plus grande réussite politique de l’Inde.
La décision du pays que de rétablir l’article 377 du Code pénal indien, interdisant tout rapport sexuel qui serait « contraire à l’ordre de la nature » implique un véritable retour à l’époque coloniale. La Cour suprême se retrouve au coeur d’une polémique qui déborde amplement sur une plus vaste bataille politique : au printemps prochain des élections auront lieu, et le gouvernement actuellement au pouvoir tente de conserver son poste.
Surtout que le parti d’opposition Bharatiya Janata, de tendance nationale-hindouiste, soutenu par les organisations religieuses et culturelles particulièrement conservatrices, s’est prononcé en faveur de ce rétablissement.
Mais Vikram Seth tente de faire entendre raison à ses compatriotes : en réalité, l’introduction de cette loi est un fait du colonialiste. L’homosexualité aurait longtemps fait partie de la culture indienne, et l’on trouve « l’homosexualité dans le Kama Sutra... Dans la tradition hindoue, la tradition musulmane, le syncrétisme, il n’a jamais été question d’interdiction de ce genre ». En tant que né à Calcutta, il assure parler comme « un citoyen indien », et déplore que l’on cherche plus que jamais à museler les opinions, rompant avec la « tradition de tolérance indienne, au sens de s’entendre avec l’autre », idée au coeur de l’esprit de l’Inde. (...)