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Telerama
Macron au Burkina, les télés au nirvana
Article mis en ligne le 30 novembre 2017

Si un gauchiste de “Valeurs actuelles” a regretté le paternalisme d’Emmanuel Macron face aux étudiants burkinabés, le président de la République a convaincu une éditorialiste très droitière sur BFM aussi bien qu’un expert très libéral sur LCI.

« Macron fait son show », titre BFMTV quelques heures après « le grand oral africain d’Emmanuel Macron devant huit cents étudiants burkinabés ». « Un grand show », confirme la directrice de L’Usine nouvelle dans 24h Pujadas sur LCI. Un rédacteur en chef de Valeurs actuelles propose : « Pour vous faire rentrer un peu dans les arcanes d’un journal comme Valeurs actuelles… » Non, merci. « … La rédaction s’est arrêtée alors qu’on était en plein bouclage. Il a cassé tous les codes. » Du coup, Valeurs actuelles ne sortira pas cette semaine ? « Il y a à la fois de la transgression à gauche, de la transgression à droite, c’est bluffant. » C’est même surprenant qu’un président ni de gauche ni de droite réussisse à bluffer un journal très, très à droite. (...)

« De temps en temps, nuance Raphaël Stainville, j’ai trouvé ça choquant. On avait l’impression que c’était une parodie d’OSS 117 : “Il s’agirait de grandir maintenant…” Il fait la leçon, c’est parfois très dérangeant. » Ça alors ! Si je m’attendais à trouver chez Valeurs actuelles un tiers-mondiste fustigeant le paternalisme néocolonialiste d’Emmanuel Macron…

Décontenancé, je reviens sur BFMTV. « Emmanuel Macron s’est lâché, annonce Olivier Truchot. Un franc-parler, le tutoiement… Regardez un petit bout de ce qui s’est passé. » Et revoilà une des compilations des saillies du président qui va tourner toute la soirée. « Je ne sais pas dans quelle filière vous êtes mais si vous faites histoire, géo ou sciences politiques, à mon avis il va falloir bosser dur. » Etc. (...)

« J’ai jamais vu ça », confirme Thierry Arnaud, l’expert politique. « Il a été assez habile, estime Judith Waintraub, du Figaro. Je n’ai jamais entendu un président dire ce qu’il a dit sur les femmes. » Ah oui, elles font trop d’enfants. (...)

« De même, le discours qu’il a tenu sur les passeurs en disant : ce sont des Africains qui profitent de la traite des migrants subsahariens, c’est pas des Blancs. » Euh… il n’a pas dit « Blancs », mais « belges, français, allemand ou que sais-je encore ». Il n’a pas non plus dit, pour employer la terminologie ayant cours au Figaro, que les Blancs de l’Union européenne avaient versé 200 millions d’euros aux Basanés de Libye afin qu’ils empêchent les Noirs de traverser la Méditerranée.
Cela ne préoccupe pas l’éditorialiste. De toute façon, on n’a pas le choix : « On est obligé de se rappeler la loi Taubira de 2001 qui faisait de l’esclavage un crime contre l’humanité mais exonérait de l’esclavage et de la traite les Noirs et les Arabes. » Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu un « c’est la faute à Taubira » (s’il y a des marchés aux esclaves en Libye). « Donc il a vraiment tenu un discours très très fort. » C’est aussi ce que dit Robert Ménard. (...)

« Il a évité tous les pièges, on peut le dire ?, se rassure encore Olivier Truchot. Parce que c’est piégeant, un premier discours sur le continent africain. » Etre entouré par tous ces Noirs… Thierry Arnaud émet quelques réserves sur « le ton employé, la plaisanterie sur le président et la climatisation ». Sans altérer l’enthousiasme du présentateur : « Autre piège qu’il a évité, sur la colonisation européenne. On se souvient que pendant la campagne présidentielle, il avait parlé de crime contre l’humanité à propos de la colonisation en Algérie. Là, il n’est pas tombé dans le piège. » Parce que c’est un piège de parler de « crime contre l’humanité » ? Dans ce cas, je le range dans ma liste des expressions interdites, aux côtés d’« islamophobie », « racisme », « sordide »… (...)