
(...) De belles images et d’énormes mensonges et omissions.
Ils ont choisi de parler de Madagascar sous l’angle des désastres produits par le changement du climat, bien ! Quel rapport y a-t-il entre la disparition des poissons et le climat ? Le lagon a été bouché par le sable ! Les files de misérables avec leurs pauvres pelles pourront-ils déplacer des montagnes et des dunes ? Suspense, nous ne verrons pas le résultat. Pourquoi tout ce sable, pourquoi n’y a-t-il plus de bois et de végétation pour le retenir ? Parce que les pauvres coupent les arbres « pour se chauffer », cela tombe sous le sens ! Vous avez bien entendu, là où il fait souvent plus de 40° C. Il faut aussi faire cuire les aliments avec du bois ou du charbon de bois. La désinvolture du commentaire prononcé d’un ton doctoral est effarante.
Ces journalistes se promènent « difficilement » en 4 X4 avec radio et clim. Les pauvres, ils souffrent sur leurs sièges, ils sont secoués avec les employés de l’Unicef et du Pam qui vont sauver les pauvres enfants de la maladie et de la faim. Comme c’est touchant. Soigner les symptômes mais surtout ne jamais parler ni tenter de comprendre les causes, c’est bon pour l’image mais le résultat est désastreux. (...)
Rien sur les responsables du réchauffement que sont les occidentaux et leurs émissions dues à l’industrialisation et à la consommation forcenée de toutes les richesses de la terre, rien sur le scandale du pillage des réserves halieutiques par les bateaux usines des pays riches |1| qui fait qu’il n’y a plus de poissons pour les Vezos, ces peuples pêcheurs. Rien sur le scandale du pillage des matières premières dont l’île regorge comme l’ilménite exploitée par Rio Tinto à Fort Dauphin. Un port en eau profonde a été creusé avec 35 millions de dollars empruntés à la Banque mondiale, mais aucun retour pour les peuples affamés et des milliers d’hectares de forêts détruits. Pour plus d’infos lire « Madagascar 2012, nouveau commerce triangulaire » |2|
Les causes de la pauvreté sont connues, ce sont elles les véritables responsables de la misère de ces gens, ce n’est que marginalement encore le climat, même si cela deviendra de plus en plus grave. Ces causes sont le colonialisme et le néocolonialisme par la dette et la corruption, organisés depuis les pays industriels pour le profit de leurs multinationales. Les plans d’austérité imposés par le FMI comme en Grèce pour rembourser la dette illégitime. Le libre échange imposé et inégal entre des agricultures puissantes et subventionnées du Nord avec de petits paysans qui travaillent à la main sans aucune aide. Et pour couronner le tout, la majorité des banques sont françaises dans ce pays. (...)
L’enfer du décor, ce sont les omissions et les présupposés des auteurs de ce texte et de ces images. L’importance des médias de masse dans le bourrage des crânes est énorme, des gens comme les auteurs de ce film, sont de véritables sherpas. Ils n’aident pas de valeureux aventuriers occidentaux à gravir les formidables montagnes de l’Himalaya, non, ils aident les « valeureux » capitalistes à détruire les hommes et la planète. Sans les compromissions et (ou) les ignorances d’hommes et de femmes des médias qui omettent de faire un travail authentique d’investigation, on peut imaginer que les Malgaches du sud de ce pays ne seraient peut-être pas en train de mourir de faim comme ceux qui apparaissent à l’écran.