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Le Monde
Madère, la petite île aux trésors fiscaux oubliée par l’Europe
Article mis en ligne le 19 février 2017
dernière modification le 16 février 2017

« Le Monde » s’est plongé avec plusieurs médias internationaux dans les secrets de l’île portugaise de Madère, qui alimente des soupçons de corruption et de blanchiment.

Petit bout d’Europe perdu au milieu de l’Atlantique, au large des côtes marocaines, l’île de Madère est plus connue pour son vin liquoreux et ses jardins exotiques que pour son centre international d’affaires. Pourtant, pas moins de 1 617 sociétés étaient installées en 2015 dans ce territoire autonome portugais de 260 000 âmes, à la faveur d’un régime fiscal extrêmement avantageux, qui attire, depuis quarante ans, des entreprises et des particuliers du monde entier désireux d’optimiser leur feuille d’impôts.

Alors que l’Union européenne a adopté, en 2016, une série de mesures visant à lutter contre l’optimisation et l’évasion fiscales, dans la foulée du scandale « Panama papers », beaucoup s’interrogent cependant sur la tolérance qu’elle affiche à l’égard de « petits paradis fiscaux ». Le Monde a choisi de s’intéresser aux secrets de Madère avec l’enquête « Money Island », menée en partenariat avec les radios-télévisions publiques bavaroise (BR) et autrichienne (ORF) ainsi que le quotidien espagnol La Vanguardia.
Un traitement de faveur après la dictature

Pour comprendre comment cette petite île est devenue un territoire aussi intéressant d’un point de vue fiscal, il faut remonter à la « révolution des œillets », en 1974, au Portugal. Au sortir de la dictature salazariste, Madère est dans une situation désastreuse. L’économie de l’île repose principalement sur l’agriculture et l’exploitation de la banane, et ses indicateurs statistiques la rapprochent d’un pays du tiers-monde. En 1980, le gouvernement portugais décide de créer la zone franche de Madère (ZFM) pour stimuler son développement en attirant les investisseurs avec une fiscalité ultra-avantageuse. (...)