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Malgré l’arrêté d’insalubrité, la majorité des résidents du foyer Bara à Montreuil restent faute de garantie
Article mis en ligne le 31 octobre 2018

Le 26 septembre, le maire de Montreuil réquisitionne un bâtiment de l’AFPA pour y abriter les résidents du foyer insalubre Bara. Si 220 résidents ont accepté d’y aller, nombreux sont ceux qui ont préféré rester à Bara malgré des conditions de vie très insalubres. La peur d’un avenir incertain et l’absence de garantie sur la suite. Reportage

Mohamadou Doucouré ne dort plus la nuit. A 75 ans, il souffre le martyr, de ces douleurs qui l’oblige à prendre quotidiennement du Dafalgan codeine. Mohamadou est désormais un ancien résident du foyer Bara dans lequel il a vécu 46 ans. Ce foyer, il l’accuse de l’avoir rendu malade tout en nous montrant son ordonnance médicale. Lorsque il décrit les lieux qu’il a quittés, il y a un mois maintenant, Mohamadou nous parle de chambres abritant jusque 5 adultes, de rats qui remontent par les tuyauteries la nuit, de puces dans les lits. D’un cauchemar. Arrivé en France en 1972, père de six enfants tous restés au Mali, Mohamadou s’est directement installé au foyer Bara et ne l’a jamais quitté jusqu’à l’initiative du maire communiste de Montreuil, Patrice Bessac, le 26 septembre dernier. L’édile a en effet pris la décision de mettre à l’abri 220 travailleurs, dont Mohamadou Doucouré, dans le bâtiment inoccupé depuis deux ans de l’Agence de Formation Professionnelle pour Adultes de Montreuil après avoir passé une nuit à Bara. Ses constatations sont sans appel. Le maire a conclu que le lieu représentait un « risque grave de sécurité » pour les résidents : risque d’effondrement, réseau électrique non conforme, conditions sanitaires indignes

La préfecture s’oppose en justice à l’occupation de l’AFPA

Mais les plans du maire ne se sont pas passés comme espérés. Le préfet de Seine-Saint-Denis a attaqué l’édile au Tribunal administratif de Paris pour motif d’occupation d’un bâtiment de 15 000 mètres carré n’appartenant pas à la mairie mais bien à l’État. Un bâtiment qui doit accueillir, après travaux, la Cour nationale du Droit d’Asile située à Montreuil mais dont les bâtiments sont devenus trop petits. Le préfet a gagné une première bataille le 19 octobre dernier. Le juges ont annulé l’arrêté de réquisition des locaux de l’AFPA pris par le maire, il doit être évacué au plus tard ce samedi 27 octobre. Mais l’affaire n’en reste pas là : le préfet a également décidé d’attaquer en référé l’arrêté pris par le maire rendant inhabitable le foyer Bara. L’audience se tiendra ce lundi 29 octobre. (...)

C’est le risque d’être expulsé de l’AFPA et de ne plus retrouver de place qui a incité la grande majorité des autres résidents de Bara à rester malgré les conditions de vie très difficiles.

Environ 600 personnes à Bara (...)

Ce jeudi, lorsque nous nous rendons à l’intérieur du foyer, ce sont près de 100 personnes qui sont présentes dans la cour. Malgré son insalubrité, le foyer Bara est un bâtiment plein de vie. Une fois l’entrée et la cour passée, on arrive dans une grande cuisine et la salle à manger où travailleurs et personnes de l’extérieur viennent déjeuner. Dans la cuisine, les murs sont noirs, le sol est jonché d’eau. Faute de plans de travail et de tables suffisantes, les grandes bassines qui servent à cuire le riz sont déposées à même le sol. Ici, une vingtaine de cuisinières s’affairent au quotidien pour préparer des plats vendus 1,80 euro l’assiette, un prix imbattable pour ces travailleurs pauvres. (...)

Moussa Traoré se présente à nous comme le délégué et le porte-parole des habitants du foyer Bara. Lorsqu’on l’interroge sur l’évacuation organisée par le maire, ce dernier va droit au but : « Le maire est venu passé une nuit et trois jours plus tard, il nous a demandé de faire nos valises et de le suivre dans des cars ! ». Pour Moussa Traoré, ces méthodes ne sont pas correctes. Il regrette que le maire n’ait donné aucune garantie pour la suite.

Les places laissées vacantes à Bara très occupées (...)

Sur place, nous constatons bien que de nouvelles personnes se sont installées, principalement des sans-papiers, prenant place dans les lits libérés par les anciens résidents.

Car le foyer Bara est réputé pour être un lieu d’accueil pour exilés sans point de chute. (...)

plusieurs personnalités ont pris fait et cause pour les résidents de Bara : Lilian Thuram, Romane Boringer, Ariane Ascaride, Reda Kateb ont signé une pétition demandant la levée de l’expulsion des locaux de l’AFPA. Ce samedi 27 octobre, c’est un mafé solidaire pour les travailleurs de Bara qui est prévu.