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Mali : coup d’État, révolte populaire et néo-colonialisme
Article mis en ligne le 23 août 2020

C’est un étrange « coup d’État » qui a eu lieu au Mali en début de semaine.

Un « putsch » perpétré sans coup de feu et sans qu’une seule goutte de sang ne soit versée par des militaires qui ont formé un « Comité national pour le salut du peuple » (CNSP).

Une donnée qui contraste fortement avec la répression féroce qui s’était abattue sur les dernières – et impressionnantes – journées de manifestations commencées le 10 et poursuivies tout le week-end contre le président Ibrahim Boubacar Keïta « IBK » – désormais démissionnaire à son corps défendant – dont personne au Mali ne semble regretter le départ.

Cette répression, d’une ampleur inédite depuis les manifestations de 1991 ayant conduit à la chute du dictateur Moussa Traoré, a fait de nombreux morts et blessés.

Moussa Traoré avait été « imposé » par la France en 1968, environ 8 ans seulement après l’indépendance du Mali, qui avait initialement connu le régime socialiste de Modibo Keïta, avec un scénario similaire à celui de nombreux jeunes États indépendants.

L’opposition, en ce qui concerne les jounées de juillet, parle de 23 morts et plus de 150 blessés, « seulement » 11 selon l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, 14 pour l’ONU …

Le massacre de juillet avait aussi et surtout impliqué les troupes d’élite anti-terroristes – les Forces spéciales anti-terroristes (Forsat) – créées en mars 2016 et entraînées dans le cadre d’un des programmes de formation contre la guérilla djihadiste promus par la « communauté internationale ».

Forsat avait tiré sur la foule et procédé à l’arrestation, ou peut-être est-il plus correct de dire à l’enlèvement, de différentes figures de l’opposition.

Militairement équipés et non « entraînés » aux fonctions d’ordre public, ces soldats ont été formés par des agents du RAID français, par des militaires nord-américains, et par des officiers européens en mission dans le cadre des programmes de l’UE : EUCAP-Sahel (Mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure maliennes) et EUTM-Mali (Mission de formation de l’Union européenne au Mali).

À ce jour, la chaîne de commandement responsable du massacre n’est pas établie, mais le « deux poids deux mesures » de la « communauté internationale » est évident, vu l’absence d’indignation « de circonstance » sur les événements de juillet, et la dureté des réactions au coup d’État, nonobstant – entre autres – la position prise par Amnesty International, qui avait dénoncé le 5 août la « répression sanglante » de juillet. (...)