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Maman, qui décide des économistes invités aux « P’tits bateaux » ?
Article mis en ligne le 26 octobre 2013
dernière modification le 23 octobre 2013

« Les p’tits bateaux », émission de France Inter consistant à demander à des spécialistes de répondre à des questions posées par des enfants, se fixe la noble tâche de vulgariser des connaissances. Mais parfois, et spécialement quand la question porte sur l’économie, la pédagogie flirte impudemment avec la propagande. Nous avons déjà eu l’occasion de signaler ce genre d’explications à sens unique, mais manifestement sans beaucoup de répercussions sur la ligne éditoriale : dimanche 13 octobre 2013, nouvelle leçon de choses aux allures de catéchisme libéral.

C’est Romane, 10 ans, qui pose la question : « Je voudrais savoir qui décide des prix de ce qu’on mange ». Et c’est Alexandre Delaigue, « normalien et agrégé d’économie » qui se charge de la réponse.

Et Delaigue commence très fort, par une anecdote « probablement fausse », comme il le signale lui-même, et sans rapport avec la question posée, comme il ne le précise pas : « Dans les années 80, un représentant de l’Union soviétique visite un supermarché » occidental et qui, pour la faire courte, est « fasciné » par ce qu’il voit. Anecdote redoublée par une autre, la même d’ailleurs, mais assurément vraie celle-là, puisque « vécue » par notre économiste : « J’ai rencontré quelqu’un qui venait de Pologne […] que j’ai vu effectivement pleurer dans un supermarché… »

Quelle conclusion doit-on en tirer ? Delaigue ne l’indique pas et passe sans transition à la réponse : « En fait, la réponse à la question est très intéressante parce que cette réponse c’est "personne" […] qu’est-ce qui fait qu’entre guillemets, ça marche, c’est un mécanisme décentralisé dans lequel personne ne décide. » Et notre économiste « éconoclaste » (selon son propre blog) d’expliquer que « personne ne réfléchit à l’ensemble, il n’y a pas un grand commissaire à la nourriture en France qui essaierait d’identifier tous les producteurs, toutes les demandes et de le faire », pour finalement avouer que « c’est un mécanisme beaucoup plus fascinant qu’un mécanisme centralisé parce que justement on n’y comprend rien ».

Plutôt que d’analyser ce mécanisme auquel « on » ne comprend rien, et dans lequel personne n’est responsable de rien, « on » affirmera simplement que « ça marche », puisque « l’histoire a tranché » en sa faveur, « mais aussi l’expérience [qui] montre que ce mécanisme est beaucoup plus efficace ». (...)