
Le 19 mai, comme cela n’aura échappé à personne, les syndicats de police organisaient une manifestation devant l’Assemblée nationale à grands renforts de moyens (camion-tribune, écran géant, etc.) afin de commémorer la mémoire de leurs collègues morts en service au cours de dernières semaines, mais surtout de dénoncer un supposé laxisme judiciaire, tout en réclamant un énième durcissement du droit pénal. Une mobilisation très politique par ses mots d’ordre donc, bien peu respectueuse des coutumes « républicaines » [1], largement inspirée et soutenue par l’extrême droite, et ralliée par le ministre de l’Intérieur, mais également par des figures issues de « partis de gouvernement » – y compris « de gauche » (PCF, EELV, PS). Malgré la portée symbolique et politique peu commune de cette manifestation, le récit en continu et en direct qu’en firent les chaines d’information fut d’une complaisance, d’une bienveillance et d’une empathie qui tranchaient pour le moins avec le ton réservé aux mobilisations populaires. Rien de surprenant puisqu’en réalité, la couverture de cette manifestation de colère policière fit l’objet d’une co-écriture entre journalistes et syndicalistes policiers.
Que cet épisode ait été largement couvert médiatiquement n’est d’ailleurs sans doute pas critiquable, compte tenu de son contenu et de sa portée symbolique. Sur ce point, contentons-nous tout de même de souligner que moult manifestations (non moins symboliques) passent littéralement sous les radars médiatiques, comme ce fut notamment le cas de la journée de mobilisation et de grève chez les soignants, les personnels de l’hôpital public et dans les secteurs médico-social et social d’octobre 2020 (...)
La police vous parle : une journée de co-production police/médias
La large couverture offerte à ce mouvement policier est une chose. Une autre est le dispositif journalistique et éditorial peu commun déployé par BFM-TV, CNews et LCI [3], davantage digne d’une agence de communication que de chaines d’information. (...)