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Manque de style
PAR MICHEL BROUÉ
Article mis en ligne le 28 juin 2017

« J’espère de tout cœur que l’Assemblée Nationale acceptera la lavallière de Villani et la non-cravate de Ruffin » : cette phrase a été coupée (bon, disons le mot juste, censurée) dans le journal Les Échos. Parce que ce journal « s’efforce de faire le moins de publicité possible à ce personnage ». Ce personnage ? Vous avez deviné, si vous avez vu Merci Patron. C’est ainsi.

Il y a quelques années, on m’avait demandé d’assurer une chronique dans Les Echos. Autour des mathématiques, environ tous les deux ou trois mois. J’en ai publié vingt, en toute liberté, sur les sujets de mon choix, avec la seule contrainte de remettre un texte d’au plus 2100 signes caractères compris.

J’ai envoyé la vingtième jeudi dernier, pour parution ce lundi. Elle faisait 2096 signes caractères compris. Le responsable de la rubrique s’en est déclaré, comme à son habitude, tout à fait satisfait, et m’a proposé comme titre « un matheux à l’assemblée », ce que j’ai accepté. J’avais écrit la chronique en réaction à l’apostrophe de Mélenchon adressée aux intellectuels, chercheurs, et au « matheux ».

La chronique se terminait par des considérations de Guy Debord sur le style (« on est facilement devenu coupable d’avoir du style »), et se concluait par la phrase suivante :

« J’espère de tout cœur que l’Assemblée Nationale acceptera la lavallière de Villani et la non-cravate de Ruffin. »

La chronique vient de paraître. Amputée de cette dernière phrase. Amputée, sans m’avoir consulté, ni même informé. Je ne m’étendrai pas sur le caractère complètement inhabituel de ce comportement, ni sur sa grossièreté. Mais le pourquoi me taraude.

Bernard Arnault, propriétaire des Echos, était le sujet principal du film « Merci Patron » qui a rendu célèbre Ruffin. Serait-ce qu’il est interdit, dans un journal possédé par Bernard Arnault, de faire référence avec un égal respect à Cédric Villani et à François Ruffin ? (...)

Ce soir vers 18h30 j’ai pris connaissance du communiqué suivant de la SDJ des Echos. Merci aux journalistes, qui défendent leur métier, donc nos libertés. (....)