
(...) Dans les débats législatifs, à défaut d’avoir une influence juridique, les mots ont un sens politique.
Nous l’avions vu lorsqu’avec la loi LOPPSI, l’ancien gouvernement a supprimé dans tous les textes de loi l’ensemble des occurrences du mot "vidéosurveillance", pour les remplacer par le mot "vidéoprotection". Cette substitution linguistique n’avait absolument aucun intérêt, si ce n’est d’utiliser la langue pour induire subtilement l’idée que les caméras vidéos qui les filment protégeraient les citoyens, alors qu’elles les surveillent.
La politique se nourrit quotidiennement des batailles de vocabulaire. L’un parle de "rigueur" lorsque l’autre parle de "bonne gestion", de "couac" plutôt que "diversité des points de vue", d’un "acte 2 de l’exception culturelle" plutôt que d’une "loi Hadopi 3 contre le piratage", d’une "baisse tendancielle de l’augmentation du nombre de chômeurs" pour ne dire que "le chômage continue d’augmenter", etc., etc. (...)