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Observatoire des Inégalités
Mariage homosexuel, inégalité et injustice
Patrick Savidan, professeur de philosophie sociale et politique à l’Université de Poitiers, directeur de la rédaction de Raison publique, directeur de la collection "Mondes vécus"(Grasset), co-fondateur de l’Observatoire des inégalités.
Article mis en ligne le 30 décembre 2012
dernière modification le 28 décembre 2012

Le débat sur la légitimité du mariage homosexuel porte, au fond, sur la légitimité de l’homoparentalité. Le refus de reconnaître juridiquement l’un et l’autre ne constituerait-il pas un cas manifeste de discrimination ? Une analyse de Patrick Savidan, professeur de philosophie sociale et politique à l’Université de Poitiers.

(...) La question du mariage homosexuel ne cesse de faire débat. C’était une promesse de campagne du désormais président François Hollande, et de fait le projet de loi sur le "mariage pour tous", présenté le 7 novembre en conseil des ministres et débattu au Parlement à partir du 29 janvier 2013, a bien pour objet d’ouvrir "le mariage aux couples de personnes de même sexe", selon une logique et une dynamique démocratiques bien identifiables, celle attachée à la reconnaissance de l’égale dignité des personnes et à l’égalité des droits qui en procède. Ce projet a ses adversaires. Ainsi Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, mouvement associé à l’UMP, a contesté le 24 décembre 2012 sur I-télé, que la situation actuelle soit en quelque manière discriminatoire pour les homosexuels : "les homosexuels peuvent se marier naturellement, explique-t-elle doctement, mais avec une personne de l’autre sexe." Il est bien évident que tout le monde ne peut pas avoir le sens de l’humour cathodique plus ou moins volontaire de Mme Boutin. Il reste alors la rue pour exprimer sa vive opposition. Dans la plupart des pays européens de forte tradition catholique, on a donc assisté à des mobilisations d’opposition. (...)

Pour ce qui est de l’homoparentalité, le seul argument qui paraisse en fait recevable est l’intérêt de l’enfant, son bonheur, son équilibre. La parenté homosexuelle est-elle préjudiciable au bon développement d’un enfant ? L’enfant a-t-il besoin d’un père et d’une mère. Et, si nous le concédons, faut-il nécessairement que ces fonctions parentales soient prises en charge par des personnes de sexes différents ? C’est à ces questions là, uniquement, qu’il faudrait finalement consacrer nos efforts d’analyses et de discussions [9]. Elles nous semblent, en tous les cas, être seules de nature à permettre d’éviter l’écueil de l’injustice faite aux couples homosexuels.

Si les discussions auxquelles participent sur ces questions, sociologues, psychologues, pédopsychiatres ou encore psychanalystes, incitent encore à la prudence (notamment parce que certains estiment que, sur ces problèmes, nous manquerions encore de recul), il faut tout de même reconnaître que l’homoparentalité tend aujourd’hui à gagner en acceptabilité. (...)