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Revolution Permanente
Marianne attise les flammes de l’islamophobie et découvre que le feu brûle
Réponse à un édito de Natacha Polony
Article mis en ligne le 2 novembre 2019

Suite à l’attentat islamophobe lundi dernier à Bayonne, le journal Marianne nous exhorte à éviter une guerre civile autour de la question de l’islam. Pourtant il s’agit d’un journal qui sait bien alimenter les préjugés islamophobes

Suite à l’attaque de la mosquée de Bayonne par un homme animé par la haine des musulmans, qui a grièvement blessé par balle deux fidèles, le journal Marianne a publié un article minimisant l’islamophobie à la française.
Les mots sont importants : à Bayonne, un attentat islamophobe

Lundi 28 octobre, Claude Sinké, 84 ans, ouvre le feu devant la mosquée de Bayonne. Il était en train d’essayer de mettre le feu à la porte du lieu de culte quand deux fidèles de la mosquée le surprennent ; il leur tire dessus, ils seront tous les deux transportés à l’hôpital dans un état grave.

Après son arrestation, des informations sur le suspect commencent à émerger : ancien candidat RN aux élections départementales, l’homme est fan d’Éric Zemmour, et déclare à la police avoir voulu « venger » l’incendie de Notre-Dame, relayant ainsi une théorie complotiste d’extrême-droite. (...)

D’entrée de jeu, Natacha Polony écrit : « Pour la première fois sur notre sol, des musulmans sont blessés par balle parce que musulmans. » Comprenez : avant cet acte, les musulmans n’avaient jamais été violemment pris à parti parce que musulmans.

Mais la violence et la haine se mesurent elles au nombre de balles ? L’attentat de Bayonne ne serait-il rien de plus qu’un fait divers, un acte isolé dramatique ? Bien au contraire, il s’inscrit dans la droite lignée d’un discours politique qui stigmatise, encore et toujours, les musulmans ou considérés comme tels. (...)

tout l’argument consiste à minimiser le racisme antimusulman (car pour Polony il n’est absolument pas question de parler d’islamophobie), tout en se positionnant au « centre » du débat, dans une posture « équilibrée et raisonnable » contre les « extrêmes ».

C’est cela qui permet à Marianne d’affirmer qu’« aucune défiance générale vis-à-vis des musulmans ne s’est manifestée » depuis la tuerie commise par Mohammed Merah. Comment expliquer alors, les injonctions faites aux musulmans à se désolidariser des attentats, provenant de tous bords politiques ? Comment expliquer les nombreuses études faisant état de discrimination à l’embauche des personnes ayant des prénoms « musulmans » ? Comment expliquer la hausse des cas d’agressions à caractère islamophobe en France ?

Car au fond, même si cela n’est pas dit explicitement dans cet article, Polony entretien un flou sur l’idée selon laquelle le port du voile équivaut à être une représentante de « l’islam politique construit sur le refus de la communauté nationale ». Et elle entend ainsi mettre sur un pied d’égalité le danger que représenterait l’islam politique en France et tout le poids d’une machine infernale médiatique et la propagande gouvernementale à l’appui de l’appareil d’Etat disséminant au quotidien des préjugés sur l’islam.
La lourde responsabilité des hérauts de l’islamophobie

Le journal Marianne participe en effet depuis des années à l’offensive islamophobe. « Pourquoi l’islam fait peur », déjà en couverture en 2011. P (...)

Femmes voilées à qui la République française, bien loin de capituler comme le pense Marianne, adresse un message clair au fil des années : vous êtes « autres ». Vous n’êtes pas les bienvenues dans nos écoles, sur nos plages, dans nos lieux de travail, et bientôt, qui sait, dans nos rues. « C’est le "Djihab" : le Djihad commence avec la banalisation du Hijab », écrivait Marianne en 2016.

Alors oui, Marianne, et tous les autres médias et forces politiques qui propagent l’idée d’une communauté musulmane guerrière, à l’assaut des « valeurs non négociables qui sont les nôtres » (sic) ont une part de responsabilité dans la violence islamophobe qui s’est exprimée lundi à Bayonne.

La véritable fracture sociale en France n’est pas le fait des musulmans, ou d’un quelconque problème d’intégration. Cet attentat islamophobe contre une mosquée et la montée du racisme anti-musulman est en définitive dans la lignée de leurs publications, et des politiques du gouvernement qui, en œuvrant à la surenchère sur le terrain de l’extrême-droite pour lui couper l’herbe sous le pied, ouvre la voie aux terroristes de tout bord, et notamment d’extrême-droite. (...)