
Sur les "jeunes de quartiers“
« On a beaucoup hésité à reprendre cette expression "jeunes de quartiers" mais c’est l’expression qui est utilisée par les jeunes. »
« Notre projet de recherche avait pour thème les jeunes des quartiers populaires et on s’est aperçus que l’’expression "quartier populaire", pour la plupart des jeunes, ne voulait pas dire grand chose. »
« Il y a une contradiction parce qu’à la fois les jeunes utilisent "jeunes de quartiers" mais ils voient aussi quelque chose de très stigmatisant. »
« La catégorie de jeunes est aussi discutable puisqu’elle évolue dans le temps. Et la catégorie de quartier peut être enfermante. »
« Les jeunes sont très divers avec des trajectoires personnelles et des aspirations qui sont très différentes. »
« Cet ouvrage fait éclater cette catégorisation "jeunes de quartiers » parce qu’il y a une grande diversité de ces jeunes mêmes s’ils ont des points communs - via l’expérience notamment de la discrimination et de la stigmatisation. »
Sur les discriminations
« Ce qu’on a constaté c’est qu’il y a une conscience diffuse des inégalités, de la stigmatisation et de la discrimination. Une conscience de vivre dans une société où on est en bas de l’échelle. »
« La stigmatisation vécue par les jeunes n’est pas forcément conscientisée en discours politique. »
« Il y a des moments ou des expériences qui peuvent contribuer à transformer la stigmatisation en politisation. Le travail qu’on a fait est un moment de conscientisation pour une partie des jeunes. »
« Les mouvements lycéens, les mouvements des gilets jaunes peuvent participer à une forme de conscientisation. »
« Cette discrimination est plus souvent nommée à partir du territoires qu’à partir de catégories sociales ou ethno-raciales. »
Sur le rapport des jeunes à leurs quartiers
« La question des rapports avec la police est majeure dans la façon dont les jeunes vivent leurs quartiers. C’est ressorti de façon très fort de notre recherche. »
« Les jeunes voient que peu de choses ont changé, voire que les choses se sont aggravés. »
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Sur l’enclavement des territoires
« Il y a de grandes différences : ça n’est pas la même chose d’habiter à Pantin et à Aubervilliers, aux portes de Paris, que d’habiter à Corbeil ou à Clichy-sous-Bois qui sont beaucoup plus enclavés. »
« Ce que montrent les jeunes, c’est qu’il y a une très grande mobilité des jeunes en Ile-de-France, notamment entre espaces de banlieues. »
« Les jeunes utilisent à la fois l’espace parisien et l’espace du Grand Paris. »
Sur la notion de populaire
« Le terme de populaires a du sens au pluriel : il n’y a pas un peuple homogène et mythifié mais des classes populaires qui sont traversées de tensions et de contradictions. »
« Quand on demande aux jeunes de décrire leur quartier, c’est qu’il est diversifié : pour des raisons ethno-raciales ou socio-économiques. »
« La question est de savoir comment ces groupes sociaux qui font partie des classes populaires peuvent - ou non -, à un moment, s’unifier ou faire alliance autour d’un certain nombre de revendications et de points communs. »