
Comme de nombreuses entreprises, Carrefour a bénéficié du crédit d’impôt compétitivité emploi, dit aussi CICE.
Or, selon la CGT du Carrefour Merlan, dans les quartiers Nord de Marseille, elle aurait dans le même temps supprimé des emplois.
Carrefour n’aurait donc pas respecté la loi et devra répondre ce jeudi devant la justice des accusations de détournement du CICE.
C’est une première en France. Ce jeudi, l’enseigne Carrefour est appelée à la barre du tribunal de grande instance de Marseille. Le premier employeur privé de France est accusé par la CGT d’avoir touché des milliards d’euros de crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) tout en opérant des suppressions d’emplois dans toute la France, et en particulier dans le Carrefour le Merlan, dans les quartiers Nord de Marseille, à l’origine de cette assignation en justice. Soit, selon les salariés de ce Carrefour, un détournement pur et simple de l’objet même du CICE, qui avait été lancé par l’Etat en guise de coup de pouce à l’investissement et à l’emploi. (...)
« Or, les sommes accordées à Carrefour sont colossales, abonde Me Doudet. Carrefour a reconnu avoir perçu une année 120 millions d’euros, et on estime l’aide totale de l’Etat, donc des Français à travers leurs impôts, à près de 800 millions d’euros en six ans ! » Un chiffre toutefois contesté, comme l’expliquait 20 Minutes il y a quelques années. « C’est une estimation, reconnaît Yohann Nezri. Mais on ne doit pas être loin de la réalité. »
« Et le débat là n’est pas politique, il relève de la loi, affirme Me Doudet. Le juge est celui qui doit l’application d’une loi. Il s’agit de vérifier si l’objet légal du CICE a été respecté. A l’époque, Pierre Gattaz arborait un pin’s promettant la création d’un million d’emplois. Il est assez naturel aujourd’hui de demander des comptes. »
Et qu’a donc fait Carrefour de cette somme ? Impossible pour l’heure d’avoir des certitudes sur cette question, posée par les syndicats à l’enseigne à plusieurs reprises, en vain. (...)