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La marseillaise
#Marseille : l’école les a intégrés, l’État peut les chasser
Article mis en ligne le 16 octobre 2015

Des enseignants de collège et de lycée se mobilisent à Marseille autour de la famille Dedinca. Arrivée en France il y a trois ans, après avoir fui les violences du Kosovo, leur destin pourrait vaciller.

Contraints de fuir les violences communautaires au Kosovo, ils tentent tant bien que mal depuis leur arrivée, il y a trois ans à Marseille, d’obtenir un statut de réfugié. Leur demande de droit d’asile a été depuis déboutée et n’ont pas non plus obtenu de titre de séjour. La malchance s’est acharnée sur la famille, qui verra son refus de séjour (avril 2015) assorti d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

En août dernier toute la famille sera expulsée précipitamment du centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada) et assignée à résidence à l’hôtel, avant même que le recours contre l’OQTF ne soit jugé. « C’est la première fois à Marseille qu’une famille est victime d’une telle procédure », indique RESF, qui a demandé une audience pour le mercredi 4 novembre et appelle à un nouveau rassemblement.
A cinq dans une chambre d’hôtel

Professeur d’histoire-géo, au collège du Vieux-Port, Maruja Oterro a pris la tête d’un comité de soutien dans un établissement qui compte deux classes d’intégration, et s’occupe depuis des années d’enfants de l’exil, comme les enfants Dedinca. « Des enfants que l’on a vu grandir, réussir. Diellza est passée du collège au lycée, c’est une famille très chouette, très méritante », raconte l’enseignante. Une famille qui a joué de malchance et subit malgré elle les aléas de la géopolitique. (...)

Hébergés dans une chambre d’hôtel ou ils étaient assignés à résidence, soit l’équivalent d’un placement en rétention, ils ont vécu à cinq dans une chambre d’hôtel, la menace d’expulsion au-dessus de leur tête. Grâce à sa ténacité, la famille a trouvé un logement et le père une promesse d’embauche. Il faudra compter sur la mobilisation pour que la situation administrative de la famille soit revue. RESF réclame la régularisation à titre humanitaire, pour une famille qui a fait la preuve de son intégration.

Au moment où une réforme du droit d’asile s’engage et nourrit de nouvelles inquiétudes, les militants de RESF expriment à la fois déception et colère. « Nous sommes tout le temps dans une schizophrénie. En tant qu’enseignante j’aide ces élèves à s’intégrer, je leur apprend ce que sont les valeurs de la République et de l’autre on a un État avec des lois floues et arbitraires », soupire Maruja. Colère et incompréhension à un moment où l’on n’a jamais autant parlé du sort des réfugiés. « Pourvu que l’on n’aille pas vers une surenchère, vers une concurrence. Tous les réfugiés ont la capacité à s’intégrer en France », poursuit Maruja, dont le comité a reçu des lettres de soutien de profs, de parents d’élèves et même du dessinateur Luz.