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Amnesty International
Massacre des Rohingas : LES COMMANDITAIRES DE L’OMBRE
Article mis en ligne le 27 juin 2018

De nombreux éléments dignes de foi permettent de conclure à la responsabilité du commandant en chef des forces armées du Myanmar, le général Min Aung Hlaing, et de 12 autres personnes. Ils sont clairement identifiés dans les crimes contre l’humanité perpétrés lors des opérations de nettoyage ethnique menées contre la population rohingya du nord de l’État d’Arakan.

Notre nouvelle enquête examine, dans leurs détails les plus terrifiants, les modes opératoires qui caractérisent les violations perpétrées dans le cadre des « opérations de nettoyage » menées par l’armée après les attaques de l’ARSA.

Comprendre : Pourquoi le massacre des Rohingyas est un crime contre l’humanité ?

En outre, elle identifie les unités ou les bataillons militaires précis impliqués dans nombre des pires atrocités commises. Selon les informations recueillies, les forces de sécurité du Myanmar se sont rendues coupables de neuf des 11 types de crimes contre l’humanité décrits dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

Elle est fondé sur plus de 400 entretiens, ainsi que sur une masse considérable d’éléments venant à l’appui des propos recueillis, dont des images par satellite, des photographies et des vidéos dont l’authenticité a été vérifiée et des analyses médicolégales et balistiques réalisées par des experts.,

Ceux qui ont du sang sur les mains, jusqu’au sommet de la chaîne de commandement, jusqu’au général Min Aung Hlaing en personne, doivent être contraints de rendre des comptes pour leur rôle dans la supervision ou la commission de crimes contre l’humanité et d’autres violations graves des droits humains sanctionnées par le droit international.(...)

De milliers de rohingyas ont été tués lors des opérations militaires. On ne connaîtra peut-être jamais le nombre exact de victimes. Certaines ont été ligotées et exécutées sommairement par balles ; d’autres ont été abattues pendant leur fuite ; d’autres encore ont été brûlées vives dans leurs maisons.(...)

Les membres des forces de sécurité se sont en outre livrés à des viols sur des femmes et des jeunes filles rohingyas, dans leur village ou alors qu’elles tentaient de gagner le Bangladesh. Certaines victimes de viol ont en outre assisté au meurtre de membres de leur famille. Dans au moins un village, les militaires se sont livrés à des viols, puis ont incendié les bâtiments dans lesquels se trouvaient leurs victimes.(...)

Parmi les méthodes de torture dénoncées par des détenus remis par la suite en liberté, citons les passages à tabac, les brûlures, les simulacres de noyade, ainsi que le viol et d’autres violences sexuelles.

Pour obtenir leur libération, les détenus ont dû verser d’importants pots-de-vin et signer une déclaration, dans laquelle ils affirmaient ne pas avoir été maltraités.

Dix mois plus tard, les autorités du Myanmar n’avaient toujours pas indiqué les noms des personnes qui se trouvaient encore en détention, l’endroit où elles étaient et, le cas échéant, les faits qui leur étaient reprochés. Ces personnes étaient victimes de détention arbitraire au regard du droit international.(...)

plusieurs hauts responsables de l’armée, dont le général Min Aung Hlaing, se sont rendus en personne dans le nord de l’État d’Arakan, avant et pendant la campagne de nettoyage ethnique, afin de superviser une partie des opérations.

Nos recherches nous ont permis d’identifier 13 personnes ayant joué un rôle décisif dans des crimes contre l’humanité. Nous demandons que tous les responsables soient traduits en justice.

RENDRE DES COMPTES
Face aux pressions internationales de plus en plus vives, les autorités du Myanmar ont annoncé le mois dernier la mise en place d’une « Commission d’enquête indépendante » chargée d’examiner les allégations de violations des droits humains.(...)

Les investigations réalisées jusqu’à présent sous l’autorité du gouvernement ou de l’armée sur les atrocités perpétrées dans l’État d’Arakan n’ont servi qu’à mettre un voile sur la responsabilité des militaires.

La communauté internationale doit mettre enfin un terme à des années d’impunité et faire en sorte que ce chapitre sombre de l’histoire récente du Myanmar ne se reproduise jamais.

En attendant d’être parvenue à un consensus et d’avoir obtenu le soutien international nécessaire à la saisie de la Cour pénale internationale, la communauté internationale doit mettre en place, dans le cadre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, un mécanisme chargé de recueillir et de préserver les éléments destinés à une future procédure pénale.