Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Matthieu Ricard : « L’altruisme est la seule réponse pragmatique aux défis du XXIe siècle »
Matthieu Ricard est docteur en génétique cellulaire, moine bouddhiste tibétain, auteur et photographe. Il est l’interprète pour le français du dalaï-lama.
Article mis en ligne le 2 mai 2016
dernière modification le 29 avril 2016

Figure spirituelle du bouddhisme, le dalaï-lama développe, dans son dernier livre, « Nouvelle Réalité », une réflexion sur la responsabilité universelle notamment concernant l’urgence environnementale. À l’âge de l’Anthropocène, explique Matthieu Ricard, qui est proche du dalaï-lama, l’homme doit changer individuellement pour changer le fonctionnement du monde.

(...) le dalaï-lama a toujours porté le message de la non-violence vis-à-vis des êtres humains, des animaux, de la nature. La non-violence ne consiste pas simplement à ne pas faire violence mais aussi à promouvoir quelque chose de constructif, de positif, de respectueux. C’est considérer autrui. Philosophiquement, le bouddhisme se fonde sur l’interdépendance de tous les phénomènes. L’interdépendance est donc au cœur de la compréhension du système écologique. (...)

Quelles solutions le dalaï-lama évoque-t-il ?

Le dalaï-lama n’a cessé de mettre l’accent sur la compassion, la bienveillance et la solidarité. L’altruisme est la seule et unique solution pragmatique aux défis du XXIe siècle, dont la crise de l’environnement. Parce que, si on se fiche du sort des générations à venir, le problème environnemental ne nous concerne pas, on ne sera plus là ! Aussi complexe la question soit-elle, politiquement, économiquement et scientifiquement, elle revient, en fin de compte, à l’altruisme versus l’égoïsme. C’est pour ça que nous avons besoin de cette considération d’autrui, pour avoir aujourd’hui une économie plus positive, plus altruiste, pour avoir une plus grande justice sociale et moins d’inégalités et, surtout, pour préserver le sort de milliards et de milliards de générations à venir et des 8 millions d’espèces animales qui sont nos concitoyens en ce monde.

Quelle rôle détenons-nous dans l’écosystème ?

Le sort aujourd’hui est entre nos mains puisque nous sommes entrés dans l’Anthropocène. La question n’est plus seulement théorique : nous avons le pouvoir de détruire ou de préserver cette biosphère. Notre responsabilité s’en trouve immensément accrue et nous ne pouvons pas détourner le regard en disant que c’est pas notre affaire. C’est notre affaire à tous. C’est nous, individus, qui devons changer notre opinion pour que la culture change. Quand la culture changera, les institutions changeront à leur tour, parce que les membres d’une nouvelle culture n’éliront plus les mêmes responsables. Cela ne sera plus les divisions entre la droite et la gauche, nous saurons tous nous unir pour sauvegarder cet univers qui est le nôtre. (...)