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l’Humanité
Médias. Vincent Bolloré prend la tête du groupe Lagardère
Article mis en ligne le 1er juillet 2021

Fort de ses 26,7 %, le PDG de Vivendi prend le contrôle du conseil d’administration du groupe, ce mercredi. Les salariés d’Europe 1 appellent à la solidarité.

D’ores et déjà, des « ponts » ont été montés, pour la rentrée de septembre, entre la station de radio et CNews, la chaîne marquée à l’extrême droite de Bolloré. Un plan de départs volontaires est en place et un journaliste, qui a osé protesté contre la présence de micros dans une assemblée générale, est suspendu en attendant une sanction, qui doit justement tomber aujourd’hui. (...)

Europe 1, le JDD et Paris Match

Chez Bolloré, l’expérience d’I-Télé en 2016, puis les exemples de l’humoriste Sébastien Thoen, du journaliste Stéphane Guy et de trois autres pigistes depuis septembre 2020 sont implacables : on déteste les têtes qui dépassent. Ce qui pose aussi les salariés concernés dans une situation très délicate concernant leur expression : parler à visage découvert, c’est se condamner. (...)

Dans un communiqué, la société des rédacteurs et l’inter­syndicale SNJ, CGT, CFTC et FO affirment leur volonté qu’ « Europe 1 reste une radio généraliste, d’information et de divertissement, et ne devienne pas une radio d’opinion » comme CNews. Les équipes « ne veulent pas être instrumentalisées, ni participer d’un activisme qui fracture la société », et invitent donc ceux qui s’inquiètent de « la qualité de débat démocratique », et « de l’emprise croissante de Vincent Bolloré dans les médias, à venir en témoigner, par leur présence ». Et Europe 1 n’est pas la seule visée. Par cette prise de contrôle de Lagardère, Vincent Bolloré met aussi la main sur le Journal du dimanche et Paris Match, côté médias.
Le sort d’Hachette inquiète

Les inquiétudes grandissent autour du sort d’Hachette. Hachette, c’est le premier groupe français de l’édition, troisième groupe mondial, qui compte 150 marques, dont Calmann-Lévy, Fayard, le Livre de poche, JC Lattès ou Stock, avec un chiffre d’affaires de 2,37 milliards d’euros en 2020. Rien que cela. Vivendi, de son côté, possède Editis, deuxième groupe national. Le 28 mars 2021, le PDG d’Hachette Livres, Arnaud Nourry, en poste depuis dix-huit ans, a été démis de ses fonctions par Arnaud Lagardère. En cause : deux interviews données aux Échos et au Monde, dans lesquelles il dénonçait un possible rapprochement entre les deux entités, Hachette et Editis. Il s’appuyait sur une décision de l’Autorité de la concurrence, en 2003, quand Lagardère avait voulu manger Editis. (...)

Dans Livre Hebdo, l’économiste Françoise Benhamou estime qu’un regroupement induirait que « les activités d’édition parascolaires atteindraient 71 % du marché, celles des dictionnaires 63 %, le poche 54 %, le tourisme 50 % ainsi que le scolaire, pour lequel chacun de ces deux groupes a une part de marché de l’ordre de 30 à 40 % », relève la syndicaliste.

Dans tous les cas, les dangers de cette ultraconcentration dans les médias et l’édition sont bien réels. Avec une question lancinante mais percutante : mais que fait donc l’État ?