
Sans les vidéos amateurs Antoine C. et Mickaël S., deux policiers qui intervenaient en juin 2013 dans la cité de la Sablière à Villemomble auraient-ils été renvoyés devant une cour d’assises. ? La première journée de leur procès en appel y répond déjà. Ils avaient été acquittés en 2018 par la cour d’assises de Seine-Saint-Denis.
Mais après un appel du parquet, les deux policiers doivent répondre à nouveau de violences volontaires avec arme, aggravées pour l’un d’eux, par une mutilation permanente. Cette fois devant la cour d’assise en appel de Paris.
Les petits films tournés de leur balcon par les riverains de la Sablière ont jeté une lumière crue sur l’utilisation pas toujours orthodoxe de ces armes. En l’occurrence une grenade à main de désencerclement (GMD) et un lanceur de balles de défense (LBD 40).
La grenade avait éborgné Fatoumata Kébé, une mère de famille, tandis que le LBD avait frôlé la tête de son fils Mohamed. Une partie de l’après-midi a été consacrée au visionnage de ces documents. Des images parfois tremblotantes, mal cadrées, quelquefois brutes ou bien accompagnées de commentaires peu amènes pour les forces de l’ordre.
Une centaine de policiers convergent vers la cité
En 2013, ce réflexe est peu répandu. Les vidéos ne déferlent pas encore sur les réseaux sociaux. Mais ces images volées ont donné un tour décisif à cette affaire que l’on ne qualifiait pas encore de « violences policières ». (...)
Quand les policiers avaient livré des témoignages biaisés. (...)
Dans l’une des vidéos montrées à l’audience, alors qu’un fragment de la grenade s’abat sur le visage de Fatoumata, une femme s’écrie de son balcon : « La violence, c’est vous, c’est pas nous. Vous tirez partout, vous savez pas où. Vous osez tirer sur des mamans ».