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le Monde
Michèle Delaunay, ex-ministre et médecin : « L’isolement individuel en Ehpad a été une erreur »
Article mis en ligne le 1er août 2020
dernière modification le 31 juillet 2020

La crise du Covid-19 est l’occasion de mettre en évidence les insuffisances des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes dans des situations d’urgence et de fin de vie, selon l’ancienne ministre.

Médecin spécialisée en cancérologie cutanée, Michèle Delaunay, 73 ans, a été députée (PS) de la Gironde de 2007 à 2012, puis ministre déléguée de François Hollande, chargée des personnes âgées et de l’autonomie, de 2012 à 2014.
Depuis 2016, elle préside le conseil d’administration de l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped) de l’université de Bordeaux. Son dernier ouvrage, Le Fabuleux Destin des baby-boomers (Plon), évoque les questions vertigineuses posées par le vieillissement et la perspective de la mort en série des 20 millions de personnes de la génération née entre 1946 et 1973.

ces établissements ne sont pas suffisamment armés pour faire face à des morts en série. Les Ehpad, où résident 600 000 personnes en France, sont en théorie un lieu de vie et de soins. Mais ils sont de fait un lieu de fin de vie pour la très grande majorité des résidents, ce qui pose clairement la question de leurs moyens humains et matériels pour y faire face.
Dès le début de l’épidémie, il a été évident que l’âge était un des principaux facteurs de risque de décès. J’ai été frappée par la première annonce, fin mars, d’une vague de décès par Covid-19 dans un Ehpad à Mougins [Alpes-Maritimes]. C’est la presse locale qui a révélé que douze résidents de cet établissement avaient succombé en quinze jours.

Imaginez qu’il y ait eu le même nombre de victimes dans un internat de collège. Dès le lendemain, tous les autres élèves auraient été sortis, et la structure aurait été fermée. Là, il ne s’est rien passé, ou presque. Le bilan s’est d’ailleurs largement alourdi par la suite dans cet établissement, avec quarante décès parmi la centaine de résidents. Plusieurs familles ont déposé plainte, elles n’avaient même pas été prévenues de la situation, de ces morts qui se succédaient.
Se dire par ailleurs qu’un Ehpad est un lieu dont on ne ressortira plus est intolérable pour ma génération, surtout dans un contexte comme celui-ci. C’est pourquoi j’ai plaidé pour que des résidents puissent retourner auprès de leurs proches, si les conditions s’y prêtaient. Des médecins l’ont évoqué aussi et cela a pu se faire dans quelques cas.

(...)