
Deux adolescents étrangers sont morts récemment dans des chambres d’hôtel à Lyon et Orléans. Ces décès révèlent des conditions d’accueil et d’hébergement que les associations jugent inadaptées.
« Un hôtel de passes. » C’est la description faite par un client sur Google de l’établissement, situé à Orléans, où est mort un Guinéen de 17 ans, dans la nuit du 26 au 27 juin. Arrivé sur le territoire sans titre de séjour, ce jeune homme serait décédé d’une overdose. L’analyse toxicologique est en cours mais selon le procureur d’Orléans, contacté par Libération, son amie présente sur les lieux a raconté qu’il aurait ingéré une grande quantité de valium et du whisky.
Comme lui, ils sont 300 « mineurs non accompagnés » (MNA) dans le Loiret à loger dans des établissements à caractère touristique et commercial, selon le Réseau éducation sans frontières (RESF). Ces hôtels deviennent alors exclusivement réservés à l’accueil de jeunes migrants et servent à pallier le manque de places dans les structures de l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Le 4 juillet à Genas, dans la banlieue de Lyon, un jeune Algérien de 17 ans est également mort d’une overdose. Son corps a été retrouvé inerte dans sa chambre, et l’ami qui l’accompagnait a été transféré en service de réanimation.
« Aucun suivi éducatif »
Ces deux drames portent à au moins quatre le nombre de mineurs non accompagnés décédés alors qu’ils étaient placés sous la responsabilité de l’ASE, qui prend en charge les mineurs qui arrivent sur le territoire français non accompagnés par un représentant légal. Le Réseau éducation sans frontières (RESF) dénonce des conditions d’accueil non adaptées (...)
Les services font état « d’une réponse d’urgence à un phénomène massif et soudain, auquel aucun département ne pouvait se préparer ». Ils précisent que « les travailleurs sociaux passent régulièrement dans les hôtels » et évoquent l’ouverture prochaine d’un nouveau centre d’accueil. Les déclarations de l’ASE de la métropole de Lyon sont similaires, explique Michèle Françoit, de RESF Rhône. Mais pour la militante, ce sont « les associations qui font le travail de l’ASE. Dans la métropole, il n’y a que trois assistantes sociales pour 1 800 mineurs non accompagnés. Alors quand il faut amener un mineur à l’école, faire un dossier, ce sont les bénévoles qui s’y collent. » En 2018, le ministère de la Justice a recensé plus de 17 000 mineurs qui ont « fui la guerre ou la misère » de leurs pays, selon les associations de défense des étrangers.