
Face aux milliers de personnes qui se noient en Méditerranée, l’indignation côtoie l’indifférence. En France et en Europe, les évacuations de campements de migrants se succèdent, comme le 2 juin dans le quartier de La Chapelle à Paris. Mais s’intéresser aux causes de ces migrations forcées ne semble plus intéresser grand monde, alors que les dérèglements climatiques s’ajoutent à la pauvreté et à la brutalité économique néolibérale. Les petits paysans, contraints de quitter leurs terres, sont en première ligne. Basta ! a recueilli les témoignages de représentants d’organisations paysannes du Mexique, de Palestine, d’Egypte, du Maroc, du Zimbabwe et de France. Des oubliés qui tentent de s’organiser.
« On ne peut pas parler du changement climatique sans évoquer les millions de personnes qui sont déplacées, expulsées de leurs communautés, à cause des effets de cette crise climatique. On ne peut pas comprendre la crise qui existe dans les campagnes sans tenir compte de ces millions de femmes et d’hommes qui perdent subitement leur capacité de produire leur alimentation. Ces personnes migrent principalement dans leur pays, mais aussi du Sud vers le Nord au cours d’un voyage de plus en plus compliqué. Ils préfèreraient rester auprès de leurs familles, mais ils ne parviennent plus à survivre et doivent traverser les frontières ou les mers, risquer leurs vies. (...)
Ces personnes sont expulsées par les politiques néolibérales et anti-paysannes. Les pays du Nord sont responsables de ces migrations au-travers de leurs entreprises qui ont saccagé les ressources naturelles. La migration est éminemment un effet du système capitaliste. Le spectre du racisme auquel nous assistons en Europe et aux États-Unis est le symbole d’un recul en termes d’harmonie de l’humanité. Nous arrivons à des temps obscurs où les gens de couleurs, différents, sont considérés comme une menace envers le Nord où l’on vit mieux. La migration est aussi ce qui nous unit. Il faut voir les migrants comme des personnes en lutte contre le destin que leur impose le système capitaliste : nous avons besoin d’eux pour changer le système. » (...)